Après les albums Atol Scrap et Tides, le label Keplar (Donnacha Costello, Marsen Jules, Vladislav Delay) poursuit la réédition des œuvres de l’allemand Uwe Zahn : Icol Diston, compilation des trois premiers EP d’Arovane, initialement publiés à la fin des années 90, présente un témoignage de l’énergie si particulière qui infusait à l’époque la scène électronique berlinoise.
En pleine effervescence artistique et néanmoins encore marquée – ne serait-ce qu’architecturalement – par un passé en cours d’exorcisme, la ville bruissait la nuit et inspirait un jeune virtuose à l’aube de sa riche carrière : "Je composais mentalement des structures percussives lors de longs trajets en métro et les enregistrais une fois de retour au studio ". Échantillonneurs, synthétiseurs et séquenceurs seront les outils utilisés, avec un soin tout à fait remarquable tant les détails affleurent, pour la confection d’une série de EP – IO, Icol Diston et AMX, sortis par DIN, le label de Torsten Pröfrock.
A travers ce triptyque ludico-mélancolique, ce sont onze titres qui s’offrent à nous, captés en direct sur DAT, entre figures polymétriques et entrelacs de sonorités répétitives au bord de la déconstruction, au groove aérien et néanmoins chargé de ponctuations rythmiques, qui chemin faisant rapatrient les fantômes de la RDA et se terminent sur deux remixes chargés de drones et de basses - außen vor et no.8, composés par Torsten Pröfrock, nous rappellent la techno minimaliste du Detroit 90s, Claude Young en tête, tout autant que les expérimentations brumeuses telles qu’on pouvait les entendre chez Mo’ Waxh. Un voyage dans le temps et l’espace, pour une œuvre qui n’a pas pris une ride.