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Karaba est certes l’antagoniste de l’acclamé film animé de Michel OcelotKirikou et la sorcière (1998) –, dont le patronyme évoque des villes éponymes, situées au Burkina Faso et au Mali, mais il serait réducteur d’envisager son rôle de vilaine sans prendre en compte les souffrances qu’elle a pu endurer (rien de moins qu’un viol collectif) et l’issue à priori heureuse de sa destinée (sauvée par un homme, notre Kirikou devenu adulte), jugée peu heureuse / peu pertinente par les thuriféraires d’un féminisme anti-patriarcal. Dans un monde meilleur, Karaba aurait buté le petit Kirikou et repris sa liberté. Bien entendu, en abordant cette chronique et, au vu du nom du groupe – F.C. suggérant un sport de demeurés que j’aime tant, ne serait-ce que sociologiquement parlant –, j’eusse préféré parler de mon amour du porno (Riley Reid, my love), de la junk food (Hot-dog, my love) et du football (Arsenal, my fookin love, à jamais losers), mes trois indécentes mamelles tétées depuis l’enfance. Et donc, chers amateurs de ballon rond frelaté, le Karaba F.C. n’existe pas, sauf à publier April Dancer sur le label Araki Records, dont le catalogue – de chroniques en chroniques, je me répète – fait le miel de mes oreilles averties. Après un premier EP publié en 2021 (Empty Rooms), le quatuor revient aux affaires avec un six titres qui bute, April Dancer, entre emo, post-hardcore mélodique et métal. Roundabout donne le ton, entre Placebo et Rage Against the Machine, quand l’introduction de Medication lorgne du côté du grunge : le chant, à la manière d’un Brian Molko hargneux, n’hésite jamais à virer de côté, pour enrichir des instrumentaux incisifs d’une rage de bon aloi – la distorsion est de sortie et personne ne la rhabillera, comme sur les premières mesures de My Demise, à la dynamique dansante post-punk 2000s qui rappelle le meilleur de Test Icicles, groupe hautement oublié de ces années riches en (retour du retour du) rock : sommet, suivi par un autre – Pain & Pleasure –, avec sa longue introduction durant laquelle les guitares électriques mélancoliques croisent le fer ; enfin la rage, la belle rage éclate, salvatrice, empathique, nécessaire, vitale. Picture of Us et son chant doublé, réverbération à l’appui, lente montée lysergique, est une putain d’ode au lâcher prise, durant laquelle Karaba F.C. assume son goût pour la mélodie, le lisible, le partage, le beau qui se partage. Le conclusif In the Violence et ses guitares pointillistes jouées en miroirs offrent une place de choix à une section rythmique qui, de bout en bout, aura tenu la baraque : le meilleur morceau d’April Dancer se situe à la fin ce nouvel EP, bah ça en dit long sur l’ambition d’un groupe hyper talentueux, dont on attendra avec attention le premier album. Karaba F.C., ma nouvelle équipe de football préférée.




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