Avec les Mâchoires Hurlantes, en route vers les majestueuses early sixties ! Deux après Strange Effect, le trio parisien Howlin’ Jaws, dont les membres – Djivan Abkarian (chant, basse), Lucas Humbert (guitare) et Baptiste Leon (batterie) – se sont rencontrés à l’école primaire (débuts punks, virage rockabilly, album éponyme publié à l’âge de 15 ans : notre jeunesse engluée entre nombril et écrans devrait en prendre de la graine !), nous offre un éclatant (quel son !) / épatant (quelles chansons !) / trippant (quels arrangements !) Half Asleep Half Awake, sous le haut patronage des Fab Four et des Kinks mais pas que, puisque flotte sur les onze élégantes compositions de ce nouvel album un doux parfum (psychédélique) de côte ouest des States. Enregistré au Toe Rag Studios (Londres) par Liam Watson (The White Stripes, Supergrass, Billy Childish, etc.), Half Asleep Half Awake bénéficie d’une production particulièrement enivrante – mate et néanmoins brillante, aventureuse car truffée d’arrangements malins, évidemment analogique –, à mettre en relation avec la pochette conçue par une intelligence artificielle, comme un taquin pied de nez au passéisme, car les chansons des Howlin’ Jaws sont tout sauf l’évocation à sens unique d’un âge d’or révolu : le rock’n roll, c’est une attitude face au réel, c’est here and now, les yeux grands ouverts, le panache (jusque dans la lose) en bandoulière, toujours un pas de côté, et si l’époque – premier degré, niaise, triste – manque cruellement de rock’n roll, les excellents Howlin’ Jaws sont là pour la piqûre de rappel, un grand, grand merci à eux.