Né des cendres de Shit Browne, le quintet School Daze – remarqué il y a quelques années, en ces pages, avec leur maxi single RTL (Rather Than Lies) –, sans retenue ni complexes, ravive la grande époque de Madchester, ouvrant leur premier album sur un irrésistible The Axis of Evil que n’aurait pas renié le Primal Scream de Screamadelica, infusé de disco, de post-punk et de gospel. Introduction magistrale, sept minutes en apesanteur, pour un Bass Is The Message As Well, Papa en forme de clin d’œil, adressé (selon le groupe) au théoricien de la communication Herbert Marshall McLuhan (« The medium is the message »), mais qui pourrait également évoquer – sens du groove à l’appui – le Music Is the Message de Kool & the Gang. En effet, un esprit funk règne sur Sunday Morning Chic, mais un funk rigide, un funk de petit blanc, un funk dansant et réflexif à la New Order, mélancolique, mélodique et bardé de claviers cheap : School Daze maîtrise pleinement l’art du crossover, en témoigne la fin du morceau, acid house typique de la fin des eighties. En neuf titres enthousiasmants, c’est tout un pan de la scène électronique anglo-saxonne qui est passé au tamis déjanté des Normands : le fiévreux Hoodoo Train rappelle LCD Soundsystem tandis que certaines introductions (Movie Title, Spring Militants) lorgnent du côté de S’Express et Snap ! Bain de jouvence garanti et, une fois encore, excellente pioche pour les caennais deWeWant2Wecord (Tahiti 80, Fugu, Concordski). Dans notre discothèque idéale, Bass Is The Message As Well, Papa trouvera sa place juste à côté du EP de The Weekend Stars, publié en janvier dernier sur le même label. La perfide Albion devrait se tenir sur ses gardes : les Normands n’envahissent plus (coucou William the Conqueror !), ils téléportent des villes, telle Manchester qui, par la magie de School Daze, se réveille un matin, hébétée, en plein Calvados. Pas sûr que les habitants s’en plaignent.