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Requiem pour un Sorcier. L’année dernière, l’Angelino Bobby Hecksher – qui, seul, illustre la pochette du dixième album de The Warlocks : s’agit-il d’un projet solo ? – perdait, outre sa mère, son passeur de frère, celui qui l’initia au skate et au rock’n roll : orphelin d’une immuable amitié tout autant que de l’âge d’or du néo-psychédélisme, Los Angeles ayant selon lui perdu son ADN hippie, le Sorcier en chef s’est replié sur la Roland TR-808, mythique boîte à rythmes analogique des 80s, pour bâtir le corps brumeux du poignant In Between Sad, qu’il défend actuellement – et en groupe – sur scène, en témoigne le récent passage de The Warlocks à la Maroquinerie. L’album s’ouvre sur un somptueux Broken Bridges, lent, beau, déchirant, évoquant, de par son spleen cotonneux en apesanteur, Mercury Rev, Beach House et les Cocteau Twins ; la batterie fait son retour sur The Last Road, pour une ballade psych-folk amère, amertume que l’on retrouve dans le chant agacé de I Think I’m Done With You, lugubre et néanmoins entraînant, dans un registre plus classique ; plus loin, I’m Never Gonna Be The One You Love, tout en synthétiseurs éthérés, se fait comptine sixties noyée de réverbération. C’est à partir de l’envoûtant Ambien Hotline que les références évoquées plus tôt font sens, comme si la Cité des Anges se drapait dans le brouillard de Grangemouth, riante cité d’Écosse où est né le groupe mené par Elizabeth Fraser et Robin Guthrie : heavenly voices, certes, mais également dark wave 80s (mon esprit taquin ne peut s’empêcher de penser à Visage). Treasure The Time, que l’on croirait interprétée par Jonathan Donahue (période Deserter’s Songs), puis l’oppressant Toxic Years, binaire à souhait, enfoncent le clou d’un opus que l’on espère ne pas être le cercueil de The Warlocks, même si – paradoxalement – le conclusif Drowning In Darkness laisse apparaître un certain entrain et se termine par un petit rire amusé. Hétéroclite mais ingénieux et surprenant, surtout si on le juge à l’aune du mythique The Mirror Explodes (2009), In Between Sad mérite vraiment que l’on s’y attarde.




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