Membre-fondateur du groupe EZ3kiel, Johann Guillon nous revient avec un nouveau projet répondant au nom graphiquement toujours aussi énigmatique, Gr4vity. Joliment appelé Une Très Légére Oscillation, répondant à une envie de son auteur de nous plonger dans un univers techno qui tendrait vers la poésie, la mélodie et la recherche de l’émotion plus que dans la réponse à une question plus basique de donner aux corps le droit de s’extérioriser.

Inspiré par le journal de Sylvain Tesson couvrant les années 2014 à 2017, Johann fustige la dystopie, les marchands de bonnes aventures pour se confronter au seul moment qui vaille, l’instant présent. Facilement orientée vers une mystique angoissante et une prise de position presque terroriste sur la fin proche du monde, la musique électronique trouve ici un sas de décompression, une pause dans le marasme (écoutez Atarxie et tombez en pâmoison.), tout au long des 12 titres de ce disque magnifiquement mis en images par Yann Nguema (Anima Lux) (ici utilisant comme support un algorithme, pour un travail visuel qui devrait se prolonger sur l’habillage des concerts).

Jamais lénifiant dans sa posture positive, le disque nous questionne sur ce que notre emballement dans ce monde engendre sur notre vie, notre physique. Magnifiquement accompagnée sur trois titres par Jessica Martin Maresco, et Nicolas Puaux que nous venons de vous faire découvrir sur le volume 61 de nos compilations sous le nom de Tereglio (The Latch ou la rencontre entre deux sonorités amies, comme un duo à la The Everly Brothers entre un chanteur et une musique), Johann Guillon ne dément pas son titre, faisant du mouvement un geste précis d’un dentellier de la musique techno, s’appropriant la mystique du battement d’ailes du papillon, sans penser au futur, regardant juste la beauté du geste et son infinie délicatesse sur l’instant présent. Captation de l’instant.