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Bon, vous le savez, au-delà de préférences culturelles ciselées et vaguement snobs, je suis un gamer, donc au moment de m’attaquer au second album des parisiens d’Autómata, je m’interroge forcément sur un supposé lien entre leur patronyme et la mythologique série de jeux vidéos concoctée par Yoko Taro. L’automate – mimer le vivant – est une lubie remontant à l’Égypte ancienne, qui de Léonard de Vinci à la Nouvelle Eve de Jules Barbey d’Aurevilly, se traduit aujourd’hui en de bien mauvaises séries télévisées, telle que l’acclamée Real Humans, ou en délires transhumanistes dont on peine à comprendre les ressorts et les aboutissants, même si la crise sanitaire a montré que des peuples entiers savaient avec grâce et gré se faire désarticuler par leurs bienveillants gouvernements, ne serait-ce que pour dîner au restaurant ou s’abrutir de productions cinématographiques aléatoires. Privé de scène durant la pandémie, et donc incapable de défendre son premier album éponyme, le quatuor a mis les bouchées doubles pour enregistrer un opus ambitieux, à l’image du Processions qui le clôt, d’une durée de dix-huit minutes : en sept titres, Heart Murmur développe une certaine idée du post-rock, contrepoints folk et électronique à l’appui, pour une virée émotive, tel l’introductif On A Wire, qui se termine à coups de soli plaintifs hybrides, entremêlés, entrelacés. Il y a du mariage au paradis et du Mogwai dans l’air, à l’instar d’un Sad Guru qui lentement masse les oreilles de l’auditeur, prend le temps de poser une ambiance lysergique, joue de guitare classique (coucou, Gustavo Santaolalla) et d’orgues trafiqués jusqu’au ciel, climax apaisé, sifflement espiègle : David Vivès (batterie, guitare), Étienne Ertul (guitare, clavier), François Lamouret (guitare, clavier, platines) et Jean-Baptiste Elineau (basse, clavier) écrivent à quatre mains et sur Mad Motor font des merveilles et se placent dans le meilleur du registre qu’avec grâce et talent ils explorent, sample des Yeux Sans Visage à l’appui. Mais c’est avec Processions, leur conclusif et magnum opus, que Autómata dépasse genres et formats pour atteindre une noirceur métal psychédélique qui lui va à ravir : le cœur murmure avec une rage contenue qui enfin éclate à la face d’un monde éteint. Coup d’état, coup d’éclat.




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