Écrire en français ET signer sur le mythique label Sub Pop, impossible ? Bah non, nous répond le quatuor montréalais Corridor, fort d’un nouvel opus – le quatrième – à la pochette (un chat, celui du chanteur guitariste Jonathan Robert aka Jonathan Personne – deux albums solo au compteur) aussi mimi (mais mimi flippant) que son intitulé, Mimi se faisant le successeur de l’impeccable (j’en sais rien, je ne l’ai pas écouté, je reprends la vox populi critique) Junior, publié en 2019 et malheureusement fauché en plein vol par la crise sanitaire : adieu festivals européens et premières parties de Radiohead, bonjour désillusions et séances d’enregistrement fragmentées, qui virent le groupe changer de méthode et assembler pistes par pistes les huit compositions d’un opus court et compact évoquant le « mur anti-rock » (l’expression est de Jonathan) que l’on prend dans la tronche dès lors que l’on plonge dans la paperasse ou la monotonie. Une fois passé le kraut planant faussement tranquille de Phase IV, porté par une grosse ligne de basse répétitive et des harmonies vocales tournoyantes, Corridor s’engage avec nonchalance dans une sorte de pop post-punk chatoyante (Mon Argent), parfois psychédélique (la seconde moitié de Jump Cut, de la fièvre, enfin !), parfois groovy (Caméra), mais toujours ennuyeuse : production convenue, lisse, peu aventureuse ; structures en couloirs (ou en tunnels), que l’on suit / subit sans s’émouvoir ; arrangements balisés, foisonnement pauvre. Oui, littéralement Corridor nous anesthésie, et si le morceau Mourir Demain – involontairement drôle en raison d’un décalage entre le texte et la mélodie catchy – nous sort de notre léthargie (le final est chouette), ce ne sont pas Chenil, Porte Ouverte et Pellicule qui sauveront les meubles. Pour le coup, avec Mimi, Corridor s’est bel et bien encastré dans un « mur anti-rock ».