Récemment ADA évoquait ce que la presse indé britannique qualifiait de British Invasion pour signifier la réception plus que positive de nouveaux groupes anglais par un public d’abord britannique puis surtout américain. En plus d’être fougueux et particulièrement rafraîchissants, il est intéressant de noter que ces jeunes Turks de la musique pas comme les autres conservent la reconnaissance de leurs paires. Le guitariste des Futureheads paie ainsi son tribut à Pete Dale, tête pensante du trio pop-punk (pour simplifier) Milky Wimpshake, et lui reconnaît la paternité de son désir de tenter l’aventure rock and roll. Il souligne qui plus est, que son approche DIY de la musique permit de rompre les dernières barrières qui lui interdisaient d’embrasser la carrière d’indie-star. Et les Futureheads d’emmener Milky Wimpshake en tournée en 2002…
Merci donc à Ross Millard de détourner la lumière qui pointe aujourd’hui en sa direction vers un groupe qui devrait en être baigné. Car Popshaped, plus collection de raretés, reprises et morceaux neufs que véritable album, mérite une écoute attentive. Dans la plus pure tradition " Aide-toi et toi seul t’aidera ", Pete Dale, Grant Jones et Christine Rowe offrent dix-huit titres d’une spontanéité désarmante et d’une qualité mélodique qui se hisse sans peine au niveau de groupes qui trouvent en France un écho positivement grandissant à leur musique. En tête desquels Herman Düne et son extraction Ya-ya . En quelques quarante-quatre minutes, Milky Wimpshake (quel nom !) propose à l’auditeur de s’asseoir un temps sur les bancs de son école foutraque pour y suivre un enseignement dispensé par les Buzzcocks, Ramones et autres Modern Lovers. Des Buzzcocks, Dale et les siens retiennent l’immédiateté des pop songs de trois minutes (ou presque) et le caractère pétillant des guitares (" (I’m Saving Myself For) You ", " Cheque Card ", " Hackney "…). Des Ramones et des Modern Lovers ils amalgament tout à la fois la morgue bite à la main et les mini hymnes punk crasseux mais classieux (" Needed : Heart Handbook ", " My Heart Beats Faster Than Techno " notamment). Richman se voit d’ailleurs repris sur un medley magnifique, " True Love/Youth ", qui orchestre la collision entre le " True Love Will Find You In The End " de Johnston et le " Don’t Let Our Youth Go To Waste " de qui vous savez, et lève le voile sur la colonne vertébrale protest-folk de Milky Wimpshake. Car le propos de Popshaped quoique mâtiné d’un humour corrosif-l’un des morceaux porte le titre clin d’œil de " You’re Shaken, I’m Stirred "- reste politique. On écoutera ainsi " Here’s To The State Of Mr. Poodle " avec une pensée émue pour Tony Blair habillé pour l’hiver durant près de trois minutes. Quand le dernier morceau -" Milk Maid " (évocant bah… une Milk Maid)- s’achève, on ne se départit pas de l’idée qu’il est heureux que des labels de la trempe de Fortuna Pop aient encore le loisir de nous donner à entendre ce type de disque jouissif et rigolard. Alors je sais qu’on vous l’écrit souvent sur ADA mais la passion parle par nos voix. Et elle dit : ce disque doit tomber entre vos mains ! Ecoutez-la donc. .