On était passé à côté du premier album (instrumental) du quatuor londonien Los Bitchos, produit par ce cher Alex Kapranos (chanteur guitariste des Franz Ferdinand – les deux premiers disques, publiés dans les 2000s, étaient assez chouettes – échoué en France depuis son mariage avec Clara Luciani – argh, les goûts les couleurs, l’amour est aveugle, ou sourd, ce genre de trucs), pas question de manquer Talkie Talkie, dont l’intitulé évoque les échanges passionnants qu’enfants nous avions, munis de ces objets magiques, les talkies-walkies, qui nous permettaient de communiquer à distance et d’organiser des bastons mémorables avec les gamins du village d’à côté. Oui, mieux communiquer devrait permettre le rapprochement, mais au quotidien Internet nous montre que la fluidification des échanges favorise malheureusement non pas la concorde mais la haine, qui plus est si facile sous couvert d’anonymat, zut, encore un progrès qui n’en est pas un. Avec Oli Barton-Wood aux manettes, les compositions (toujours instrumentales) de la guitariste Serra Petale et ses consœurs se voient boostées au groove vintage – le studio 54 n’est pas loin –, porté par des citations bariolées qui firent les riches heures de Let the Festivities Begin !. Entre Kool and the Gang, Ratatat et des 80s synthétiques fantasmées, les douze compositions solaires de Talkie Talkie sont d’une ringardise absolue, sauf à considérer la malice assumée de musiciennes sans complexes, qui ne jurent que par ABBA. Il y a de la musique d’ascenseur dans l’air, mais un ascenseur lettré, funky et décomplexé, qui intemporellement brasse époques et registres. Le nouvel album de Los Bitchos est dispensable mais fun, ou l’inverse, il accompagnera néanmoins sans rechigner, à coups de digressions surf, math rock, reggae, post punk, dub et cumbia, un début de soirée de fin d’été, à la plage (mentale) ou non. Beach !