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Remarqué au sein de Oiseaux-Tempête, mais également FareWell Poetry, Le Réveil des Tropiques et Foudre !, le multi-instrumentiste Frédéric D. Oberland a tant à dire et tant à jouer qu’il œuvre en solo et, avec Solstices, nous propose en guise de quatrième album la captation live d’une performance donnée en novembre 2021 à Petit Bain, à laquelle s’adjoint un titre enregistré quelques mois plus tôt en Tunisie, au marché des bouchers, dans le cadre du Gabès Cinéma Fen et durant lequel il fut accompagné par le trio Awled Fayala.

Panspermia / Pneuma, en son ouverture toute de tension retenue, laisse entendre la voix de feu Stephen Hawking – il s’agit d’évoquer la possible origine extraterrestre du vivant, telle qu’énoncée par les Grecs de l’Antiquité qui, loin du dogmatisme spirituel qui a suivi et continue aujourd’hui de peser de tout son poids lourdingue sur nos sociétés en manque de transcendance (la forme sans le fond), aussi ludiques qu’ouverts d’esprit, ne s’interdisaient rien en matière de spéculation.

A l’instar des volutes qui s’emmêlent au gré des mesures hypnotiques, Panspermia / Pneuma se bâtit tout autant qu’il se déconstruit, comme si sous nos pas la route s’effaçait tandis que notre quête de souffle intérieur nous menait, faute d’élasticité intellectuelle, au bord du précipice.

Tout du long de Solstices, les machines distordues soutiennent vocalises trafiquées et saxophone, les mesures s’égrènent, les mélodies naissent du chaos, se parent de delay et de réverbération, la pulsation est sourde, ici et là les distorsions de nuages noirs planent mais jamais ne craquent, faisant d’un morceau comme À Notre Nuit le frère tourmenté de Zombie Zombie (les basses électro répétitives), ascendant nuit berbère (le saxophone zébrant l’obscurité à coups de contrepoints mélodiques à la limite de la dissonance), en un ciel étoilé d’étoiles au sol, dans la poussière de nos instincts dénaturés.

C’est l’aventureux label Zamzamrec, fondé à Bristol en 2011 et désormais basé à Saint-Aignan-sur-Cher, compagnon de route de (entre autres) Uiutna, Mark Wagner et Rien Virgule, qui épaule Frédéric D. Oberland, dont l’œuvre transverse se décline de photographies en musiques de films, avec la rare cohérence de celui qui doute, questionne, s’abstient de répondre mais coûte que coûte avance. Amateurs de vintage, sachez que Solstices est sorti sous format cassette, habillé d’un bel artwork : joli cadeau et séance de rattrapage pour ceux qui, tel que moi, ont manqué le concert du Petit Bain et souhaitent s’imprégner de zoukra (instrument à vent traditionnel dont la sonorité le rapproche des musiques celtiques), sur fond de percussions menaçantes, à la lisière du post-rock. Avec Cosmos Bou Dellif, Frédéric D. Oberland semble répondre à la problématique posée par Panspermia / Pneuma (l’absence de transcendance est un gouffre) et clôt en beauté un album passionnant de bout en bout.




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