« Colère intérieure, plume », c’est une image dont on pense quelque chose mais dont on peut aussi penser ce qu’on veut.
Meeting place :
Quand on meurt, on emprunte sûrement une sorte de nuage magique qui nous mène jusqu’à Dieu. S’il n’est pas là et qu’on ne l’espérait pas, on se dit qu’on a quand même une belle vue de là haut. Mais si Dieu est absent et qu’on lui a voué sa vie, ça doit pouvoir vous miner le moral pendant deux ou trois siècles…
You don’t have to :
Damien avait trouvé un début de mélodie, j’ai trouvé l’autre moitié. On a beaucoup aimé le deuxième album de Sean Lennon, plus particulièrement le morceau d’intro qui s’appelle « dead meat », la façon de jouer les cordes, les rythmiques de caisse claire par exemple, ont une certaine filiation avec cette chanson. Pour le texte, c’est un dialogue avec un enfant confronté à des doutes sur sa vie et qui monte dans un arbre.
Come across your shade :
On avait lu quelque part qu’en vieil Anglais, « shade » pouvait désigner le fantôme de quelqu’un, son âme, sa présence après la mort mais la plupart des anglo-saxons que je connaisse m’ont assuré que c’était juste une ombre, une banale ombre, qu’il n’y avait aucun caractère métaphysique derrière tout ça. On l’a laissé quand même, ça garde un sens pour nous, c’est aussi l’avantage de s’exprimer dans une langue qui n’est pas la sienne, ça crée des troubles et déroute parfois l’auditeur. Nous sommes à la chanson # 3 et cela fait déjà deux morceaux qui traitent de la mort, serions-nous un groupe de death metal qui s’ignore ?
No better side of the road :
Tout y est question de point de vue. Avec beaucoup de larmes qui se transforment en océan.
Night of the chinese plastic :
Le son qu’on peut entendre en début de morceau est une main cherchant une brique de 6 dans une boite de legos, c’est un des sons de ma compil intitulée « sons d’enfance ». On a échappé à des freins de vélo qui grincent ou aux miaulements d’un chat qui souffre. Du coup, ça devait s’appeler « Knight of chinese plastic » s’agissant principalement de Légos chevaliers (les meilleurs, beaucoup mieux que les legos Espace) mais Damien, en grand amateur de cinéma déviant avec des zombies dedans, a voulu faire un clin d’oeil à la nuit des morts vivants (night of the leaving dead), dont acte.
Man in a crowd :
Dans « Happiness is a warm gun », Lennon parle de ce type dans une foule qui porte des miroirs sur ses bottes pour voir sous les jupes des filles, « the man in the crowd with the multicoloured mirors on his hobnail boots ». Etre enfoui dans une foule, cet anonymat face à la masse, donne aussi envie de s’en extraire, de développer sa singularité, ne pas être un clone du voisin. On a creusé dans ce sens là.
Stars above you :
Ces trois mots figuraient dans les paroles de la version de départ, enlevés ensuite. L’image évoque une sorte de sentiment amoureux, quelque chose de positif là où le morceau décrit en contraste le rejet d’une personne aimée. Les cordes permettent au morceau de garder une progression, elles sont essentielles à la version studio, on a dû s’arranger autrement pour la faire en concert. Denis Clavaizolle, patron du studio Sophiane où nous avons enregistré, trouvait que ce morceau lorgnait du côté des Tindersticks...
Pauline :
Candeur hivernale. Remplacez le titre par tout prénom vous évoquant des déboires amoureux, ça marche aussi.
Sunrise :
Barbecue pour juilletiste. Pascal Mondaz, l’ingé son avec qui nous avons enregistré l’album, nous a proposé un traitement à la Weezer, avec des guitares plus incisives que sur le reste du disque. Le fade-out de la fin, avec les choeurs qui restent au-dessus du lot est un clin d’œil à la conclusion de « On a Plain » de Nirvana. We can’t complain.
Summer dress :
L’une des premières chansons du répertoire du groupe. On a déjà dit que c’est une chanson que Ray Davis n’aurait pas reniée. Nous ne sommes pas les mieux placés pour abonder dans ce sens, mais c’est très gentil de dire des choses comme ça.
Whispering stone :
Un ami proche est parti faire le tour du monde et s’est donné pour mission d’escalader des montagnes dans chaque pays traversé. Avant son départ, il nous avait parlé de cette montagne dont j’ai oublié le nom au fin fond du canada, à 5 heures de marche de la base d’hydravion, c’est un endroit hyper hostile avec des ours et des vautours qui attendent la chute de l’alpiniste pour lui grignoter le cerveau. Vu qu’il ne pouvait pas recevoir nos cartes postales, on lui a fait une chanson. Damien avait trouvé une mélodie à la guitare, celle qu’on entend après la première partie de chant, on a fait une chanson autour de ça. On a choisi ensuite de faire jouer ce thème par des cors d’harmonie soutenus par un quatuor à cordes. Le jeu du corniste va dans le sens du thème joué par la guitare, ça permet des notes tenues.
Black cloud :
Une chanson reprenant le registre assez éculé de la métaphore météorologique. Ceci dit, il faut se mettre en situation : imaginons une fin d’hiver, le manque de lumière a attaqué violemment notre capital d’amabilité quand apparaît sous nos yeux un nuage noir traversé par un unique et fin rayon de lumière. Il fallait en faire une chanson.