Sachez que si le Sensation, présent sur le volume 28 des compilations ADA ne vous a, tout comme moi, remué qu’à moitié, vous pouvez néanmoins jeter plus qu’une oreille sur ce Vitro. Car cet album est un sacré patchwork. D’ambiances électroniques presque dansantes (Sensation, Look behind, Rain dance) en chansons pop folk (Paris24, Ink) et impressions jazz (Medicine, Victor Schoelcher), c’est à l’éclectisme jouissif qu’ont décidé de se consacrer les franco-canadiens de DAD. C’est bien le plaisir qui tisse le lien entre ces titres, un plaisir communicatif de l’instant, d’être ensemble et de faire sens. Un plaisir de délivrer des tubes foutraques en puissance. Un plaisir de faire office de bande son à ces journées, à la fois tellement remplies et tellement vides. Une musique de l’urgence, une musique de l’oubli. Mais pas sans influences : dEUS pour le touche-à-tout, The Married Monk pour le spoken word à la Quermalet (As it seems) et beaucoup d’autres, plus anciens ou contemporains.

DAD touche à tous les sens, sans les retourner radicalement, mais en les stimulant suffisamment pour qu’ils en redemandent. Besoin de ce souffle, des ces ambiances colorées. Besoin de ces espaces, de ces terrains d’expression ainsi défrichés pour ces moments privilégiés, avant que tout ne repousse, que chaque chose reprenne ses droits sur vous. Se laisser imprégner, DAD infuse. Sensation prend d’ailleurs un goût et une odeur plus tenaces, la seconde moitié du morceau offrant même maintenant une surprise épicée. Mais pas d’espace de liberté et de plaisir sans pivots plantés bien profond que constituent pour l’album les morceaux As it seems, April et Medicine, qui offrent des respirations, plus noires sans doute, mais phares pour nos sens en errance.

Tantôt joueur, en rupture et fracture, tantôt rêveur, contemplatif et en détours, DAD est donc pluriel, reflet d’un groupe bel et bien en vie ! Quoi de plus réjouissant !