Au milieu de tous ses disques d’une trop grande propreté sonore pour être honnêtes, l’album des New-yorkais de Chauchat est une bouffée d’oxygène folk-rock lo-fi bienvenue. Projet centré autour du dynamique Tyler Whitney, Chauchat a un seul tort principal, celui de ne pas être distribué correctement en nos contrées, et un défaut mineur, celui de sonner un peu trop cheap dans certains moments de rare égarement. Oscillant entre les blessures assassines d’un Joseph Arthur électrisé, la folk habitée d’une Julie Doiron bourrée de vitamine C et un Bright Eyes version lo-fi, voire Jimi Hendrix (l’instrumental House Cat), la bande de Tyler Whitney nous enchante (carrément !) sur une bonne moitié des quinze titres de l’album, citons en vrac les fêlures frissonnantes de Dissassociates et sa guitare de traviole, le bouleversant, pour employer un euphémisme, I Woke Up (une des plus touchantes chansons de 2005, n’ayons pas peur des mots), le rock poivré de Sluts, la tendresse rétro-folk d’un Foreign Crutch qui va pêcher dans les mêmes eaux que l’indispensable M. Ward ou encore l’enfumé Keep Going (et sa ligne d’orgue sublime), réminiscence cracra des nombreuses beuveries que les gaillards doivent avoir enduré dans leurs bars new-yorkais préférés. Petit bémol néanmoins à toutes ces louanges cent fois méritées, certains titres (tels Meganne ou Odessa, enregistrés au grille-pain) auraient réellement besoin d’être réenregistrés dans des conditions dignes de ce nom pour développer la pleine mesure de leur touchant potentiel. L’album sorti de nulle part de l’année ? Nous n’en sommes pas très loin.