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Sebastien D.M. O’Malley (l’apôtre dark-wave derrière Detachments) semble avoir trouvé plénitude dans l’extended play. Bizarrement (ou fort heureusement ?), le londonien jamais ne profita de l’aura rencontrée par son premier album éponyme et son monstrueux single « Holiday Romance ». Pire (ou mieux ?) : produit par James Ford, cautionné par Peter Hook, Trevor Jackson et Andrew Weatherall (ces trois derniers apparaissant dans les remerciements du disque susdit), SDM, depuis 2011, mène un étrange profil bas. Discret, pas spécialement populaire, Detachments (dont Sebastien est le seul décisionnaire) se plait à ne sortir que des mini-albums dont personne ou presque ne parle (du moins, en France). Arme à double tranchant : pendant qu’il semble fuir la renommée cold-wave qui lui tendait ouvertement les bras (« Holiday Romance » était un écrin doré pour dominer les charts du monde entier), l’inquiétant Sebastien ne cesse pourtant d’arpenter les mêmes rivages synthétiques, l’âge polaire remplaçant la braise d’antan.

Detachments, depuis toujours, peut se résumer en une simple ligne : le Depeche Mode de « Little 15 » (l’héro en moins) converse avec le Duran Duran de « The Chauffeur » (la dose de coke revue de moitié) sous l’œil attentif du Simple Minds post Joy Division de « Factory » (le mascara uniquement en privée). Glacial, parfois inamical, SDM parlera ad vitam aeternam le langage cold ; un langage, à chaque nouveau Detachments, de plus en plus renfermé, de moins en moins sensitif. « Endgame », par exemple, en six titres pas loin de l’asociabilité, égrène deux chansons synth-dark à s’en ouvrir les veines (terrifiants « The Promenade » et « Endgame ») ; deux chansons qui semblent néanmoins ne plus connaître le sens du mot « pop ». Plus loin, les instrumentaux balancent des nappes 80’s sur des cassures rythmiques fortement Aphex Twin (« Phantom Patrol ») pendant que des slogans mécaniques (« Machines Don’t Lie ») accompagnent le cortège funéraire.

Il y a bien plus que du talent chez Detachments. Simplement, à trop vouloir s’enfoncer dans des marécages aux intentions parfois opaques, les compositions de Sebastien finissent par ressembler aux Replicants de « Blade Runner ». (En effet : rien à voir ici avec la colère froide d’un « Pornography » ou la résignation industrielle de « Unknown Pleasures », deux albums qui n’avaient guère besoin d’expliciter leurs intentions tant le résultat musical émouvait aux larmes.) Perso, on cautionne toujours autant. Avec bémol : un nouveau « Holiday Romance » ferait aujourd’hui grand plaisir…




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