Bande originale d’un film de Kitano à la beauté immense, à la puissance émotionelle unique, par un compositeur incontournable, sollocité à maintes reprises par le même réalisateur et Hayao Myiazaki, ce disque renferme une musique dont l’humilité renforce la beauté, à la hauteur d’un film à l’infinie tristesse. Tristesse grâcieusement retransmise sur cette bande originale, qui peut arracher des larmes sans même le recadrer dans la dimension du film. Car la force de cette musique, contrairement à celle qu’Hisaishi composa pour Mononoke Hime par exemple, vit par elle même, se vit en dehors d’un film dans lequel elle se fond pourtant à merveille. Un album court mais précieux, traversé par un piano délicat, soutenu par des cordes subtiles, accompagné d’effets électroniques discrets et intelligement distillés. Orpheline de son magnifique film, cette musique demeure donc belle, marque l’auditeur, rappelle l’esthétique irréelle et hantée de Dolls, sa calme violence, sa tristesse tétanisante, le sublime visage de Miho Kanno...