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Je suis content de faire cette chronique parce que j’ai connu ce groupe à ses balbutiements. Ils ont fait leur premier concert avec nous (REG), et déjà le son de Maxime et sa personnalité musicale témoignaient d’une maturité certaine. A coup sûr, ce type avait une vision, un but qu’il cherchait et atteindrait un jour.

Deux ans plus tard, l’heure du premier LP a sonné. L’intuition que j’avais eu à leur premier concert est plus que confirmée car j’ai rarement entendu une évolution pareille. Il faut dire qu’entre temps il a fait ses armes en rejoignant Yellow King, Poincaré, Dead Horse One. De quoi affiner son caractère. Il a également su s’entourer. Julien Rosenberger (Yellow King, Poincaré) a donc renforcé les rangs pour y jouer un rôle prépondérant. Deux personnalités comme celles-là ne peuvent qu’amener à un résultat intéressant. Autre point à souligner, c’est Doc Geo qui tient la batterie (Twin Pricks, Yellow King etc...) et je tiens ici la preuve que la consanguinité des musiciens ne résulte pas forcément à une consanguinité musicale, tant que l’imagination est féconde. Faut dire qu’à Metz on a vite fait le tour, la musique est une grande colocation.

Avant de parler musique justement, je voulais dire que savoir nommer son groupe est un art. Mais parler d’Underground est à double tranchant, vu que la plupart des groupes dits underground se considèrent en réalité comme overground...j’espère que vous me suivez. En gros ils se pensent au dessus de tout et chérissent leur statut. Heureusement My Lovely Underground ne fait pas dans le culte orthodoxe mais plutôt dans l’hommage respectueux avec un brin de nostalgie.

La première impression que donne ce disque c’est que le son fait partie intégrante du processus de composition. Il y a une finesse dingue dans le choix de chaque effet, l’usage de chaque disto, et on comprend vite qu’on a affaire à des amoureux du son. Des types qui composent un pedal board comme ils composent des morceaux. Bien sûr tout cela n’aurait aucun sens si l’inspiration n’était pas là. Tout au long de ces cinq titres (pour plus de 35 minutes de musique) nous avons le témoignage que le son est l’illustration de leur inspiration et non le contraire. Chaque morceau développe une idée qui prend souvent source dans les 90’s mais dont les affluents courent vite rejoindre les mers plus étendues. S’ils portent peut être Seattle dans leur ADN (qui me fait entendre Jerry Cantrell dans "Morphine" même si ça leur est involontaire), My Lovely Underground ne font pas de la musique comme des conservateurs de musée ni des historiens. Rien que les formats des morceaux nous le disent, avec par ex ce "All I Want" ouvrant le disque sur huit minutes. Une histoire commençant dans le phaser qui sent bon le Temple Of The Dog puis qui virevolte dans un psychédélisme rêveur et mélodieux avant d’être repris de force par une disto à faire sauter de joie Ty Segall. L’ambiance est douce malgré ce déluge de saturation, et si l’ambiance avait été plus noire j’aurais carrément pensé à certains morceaux de Laughing Stock de Talk Talk (surtout le jeu de guitare entre retenue et explosions, tiraillements...) notamment "ascencion day".

"Cold days" avance une autre carte, plus immédiate. Une ode aux grands espaces fantasmés par la reverb, chevauchés à dos d’éclairs d’overdrive et secoués par un lead en forme de tornade. Les voix de "Emptiness is form" invoqueront My Bloody Valentine tandis que "Outro" marquera un penchant pour la contemplation cataclysmique à la Earth (surtout si on pense au magistral "The bees made honey in the Lion’s skull).

My Lovely Underground s’inscrit dans une lignée comme un digne héritier mais aussi comme porteur d’un étendard en proposant une nouvelle dune à ce désert de musique qui n’a pas peur de visiter les espaces, de prendre le temps, de faire du chemin en bonne compagnie avant de partir dans ses propres délires. Car dans ce désert il n’y a pas de frontières, pas d’entrée ni de sortie, et les seules chapelles qu’on puisse y voir ne sont que chimères. Dans cette immensité, le vide est une expérience qui a besoin d’une bande originale. La musique y est libre, et ce n’est pas My Lovely Undeground qui lui mettra des chaînes.

PS : et encore une excellente production LDFC (Les Disques de la Face Cachée) qui agrandit un impeccable catalogue. Le disque est aussi distribué par Dead Bees Records !




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