Romain et Pauline (sœur et frère de Ropoporose) n’auront guère attendu longtemps avant de donner suite au très prometteur Elephant Love (2015). Deux années pour accoucher d’un monstre d’album nommé Kernel, Foreign Moons (dispo le 17 février, toujours chez Yotanka). Car oui : ce n’est même plus à une confirmation que nous convie le duo, mais à une propulsion vers le déraisonnable. Incroyablement sonique (l’ombre des Pixies se devine parfois), les douze titres aujourd’hui proposés (agencés en Face A et B) n’en font qu’à leur tête : indie-pop à en rugir de plaisir, math-rock sans m’as-tu vu, crescendo tendus, repos et accélérations, tourbillons imprévus, l’extase…
Si la première partie du disque permet à Ropoporose d’accentuer son aspect boucan 90’s (à écouter plein volume afin de mieux partir en frénésie), la seconde privilégie les ambiances en trompe-l’œil (du faux calme, des grondements soudains, le chant de Pauline de plus en plus Kazu Makino). S’y ajoute la production foutrement espacée de Thomas Poli (les plus belles grattes des cinq dernières années, c’est lui : Laetitia Shériff, Dominique A).
Disque ambitieux (l’unanimité critique lui tend les bras), Kernel, Foreign Moons est ce que nous entendîmes en France de plus galvanisant (en matière de rock à la cool) depuis le Genuine Feelings de Von Pariahs (distribué par… Yotanka, rien d’hasardeux).
En attendant février, la vidéo de "Horses" (titre d’ouverture de l’album) donne un bon aperçu du déluge qui nous / vous attend tous. Car autant Elephant Love ne permettait pas d’envisager l’avenir (coup d’essai en phase avec les attentes du moment, et ensuite ?), autant Kernel, Foreign Moons (drôle de titre, quand même) atteste l’évidence : Ropoporose est en train de s’implanter avec fougue dans la cartographie rock française. Si jeune, si doué…