Amis statisticiens, on se dote d’une calculatrice. Allez, allez…Merci ! Si donc Last Night Becomes This Morning comporte quinze titres pour un peu moins d’une demi-heure, combien dure en moyenne un titre et conséquemment quelles activités traditionnellement concomitantes à l’écoute d’un album vous interdit une telle brièveté ? Les réponses salaces seront remisées dans vos slips, s’il-vous plaît. On lève l’ardoise : approximativement deux minutes. Bien ! la France peut s’enorgueillir de compter dans ses rangs de fins mathématiciens. Mais également des mélomanes passionnés qui ne manqueront pas d’être un peu ébranlés par le format des titres du dernier effort de la formation emmenée par Dave Doughman. Difficile en effet de comprendre ce qui contraint le leader doué de Swearing At Motorists à rationner ainsi les morceaux d’un album par ailleurs parfaitement recommandable. Last Night Becomes This Morning explore à grande vitesse les routes sinueuses d’un indie-rock telles qu’empruntées par Guided By Voices ou Built To Spill sans prendre le temps d’étudier réellement la carte. Dommage pour les passagers qui apprécieraient sans doute d’embrasser le paysage plus longuement. On verrait d’un bon oeil que le rock acrimonieux de " Northern Line " ou le folk haydenien de " This Is No How Forever Begins " puissent s’étirer de plusieurs minutes supplémentaires et l’on accepterait sourire aux lèvres d’agiter encore un peu la tête aux sons du gentiment tendu " Slave To The Kettle " ou de songer à mourir sur le déchirant " Suicide On The Installment Plan " porté par la voix à gros grain de Doughman. Il faudra se contenter de multiplier les écoutes de ce LP méritant pour éjaculateurs précoces. La piste 12 tire le voile sur un début d’explication : elle s’intitule " Done In A Hurry ".