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Le premier disque de 2018. Au sens strict du terme. Rituels de Zéro Degré projet « bricolé » (*) par Nicolas Tochet est le premier disque à s’être glissé dans le lecteur CD de ma voiture le 1er janvier au matin. Et plus la route défilait, plus le disque avançait dans cette première écoute, plus l’évidence qu’un moment rare, un de ceux qui compte était en train de se produire.

Dès Deuxième Essai, les premières secondes de piano et de cordes légèrement voilées, la voix blanche et délicatement inquiète captive, et tisse un lien immédiat à travers un texte sublime et troublant d’intimité partagée et de mélancolie à peine retenue. A vif. Un peu comme le faisait Yann Tambour à l’époque de son projet Encre.

Ces doutes intimes, cette transparence brute des sentiments et encore plus présente sur le très beau Une attendue Rencontre qui trouble encore plus de par le contraste de ses arrangements électroniques doux et enjôleurs et la capacité du morceau à voiler le regard.

Après un détour sous influence jazzy sur Le Présage, les rythmes électroniques reprennent le dessus sur l’envoutant Le Rituel (obsessionnel s’abstenir) avant que la Nuit ne voit le passé électrique et post-rock de Nicolas Tochet au sein de Mélatonine ressurgir et s’épanouir totalement sur le magistral Sortir, au souffle incandescent qui n’est pas sans faire écho aux meilleurs compositions de Novö.

Après une Transition instrumentale, Il fait Jour et tu es dans le noir offre un nouvel exemple fascinant de la manière en tout point remarquable dont Zéro Degré parvient à sublimer les doutes les plus intimes en entremêlant influences post-rock et électronique à la lisière du dance floor comme le témoigne le final entêtant de ce morceau implacable.

Séduit dès le départ par la beauté sobre de l’artwork signé Alexandre Ogg, à partir d’une photo originale de Mélina Farine, qui évoque les univers cinématographique de Tsai Ming Liang ou plus encore Apichatpong Weerasethakul, il y a peut-être également dans le choix de ce visuel un autre indice, une autre clé de lecture sur le travail de Zéro Degré sur Rituels.

Dans cette structure apparemment délabrée isolée en pleine mer sur un ciel bas et gris, n’y a-t-il aussi et surtout les bases pour tout recomposer, reconstruire et un ciel qui s’ouvre vers des nuances plus claires ?

C’est peut-être là aussi une des grandes vertus de l’écoute répétée du disque que de ne jamais tomber dans l’accablement : ne pas nier la mélancolie et le doute, mais l’accueillir et s’y confronter pour mieux les dépasser, rebondir, s’ouvrir, car au dehors « tout est possible, et ici, rien ».

http://www.zerodegre.net

(*) : bricolage : Travail peu sérieux, grossier ; rafistolage. En regardant mes étagères Ikea montées de travers, et en ayant déjà les mains moites à la seule idée de devoir aller acheter des ampoules chez Leroy Merlin, je crois que Nicolas et moi n’avons pas la même définition du mot bricolage. Pour le reste : merci !




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