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Depuis ses débuts en 2002, Chocolat Billy désespère les chroniqueurs et se colletine par défaut la réductrice étiquette post rock, que d’aucuns auront vainement affublée d’un adjectif qualificatif tel que "farfelu" ou "exotique", histoire de tenter de se rapprocher de l’univers iconoclaste du groupe. Mais ça ne colle pas. J’avais moi-même brièvement envisagé d’aborder cette chronique d’une manière culinaire (avec au menu choucroute, champignons, hamburger, pinard, fish & chips, noix de coco et bien sûr, cacao) mais heureusement la raison m’est revenue à temps pour vous éviter une lecture indigeste.

En effet, il reste impossible de décrire d’une manière exhaustive la musique du quatuor Bordelais, tant il s’amuse à brouiller les pistes proposant pour chaque morceau une nouvelle ambiance, une saveur improbable pour un cocktail inédit (damned, je rechute). En effet les quatre multi-instrumentistes ne reculent devant aucun métissage contre nature, et met les points sur les i dès le premier morceau de ce quatrième album.

Chanterelles (qui ne sont pourtant pas, je peux vous le confirmer en tant que mycologue amateur mais averti, de la famille des hallucinogènes) démarre sur une base Kraut digne des meilleurs moments de Yo La Tengo, enrichie des quelques digressions noisy avant de nous embarquer progressivement vers la chaleur des Caraïbes avec l’intervention du steel-drum, des percussions tropicales et des choeurs hallucinés.

Élyséens surfe quant à lui plus du côté de la pop sucrée des franco-britanniques de Stereolab, avec ses mélodies faciles, ses sonorités légèrement retro et son groove imparable.

Changement de ton avec le bien nommé Malade et son discours délirant, plus hurlé que scandé, sur un fond sonore glaçant que n’aurait pas renié Badalamenti pour la B.O. de Lost Highway. Mais le morceau le plus loufoque reste sûrement Subutex Mex (Nino Cosma) et son reggae froid rappelant cette période fin 70’s où les punks anglais des Clash ou des Slits s’essayaient avec un succès plus ou moins discutable aux musiques jamaïcaines. Groove froid certes, mais irrésistiblement dansant comme savaient si bien le faire les Talking Heads, au chant absurde comme son titre le laissait déjà présager, et à la conclusion planante et opportune nous abandonnant peu à peu au milieu d’une forêt tropicale peuplée de bruyants batraciens et primates, préparant un terrain de chasse idéal à la bête suivante.

Le Monstre porte bien son nom. Ce morceau d’une efficacité redoutable est fondé sur l’association de quelques éléments pourtant d’une basicité déconcertante. "Less is more" disait l’allemand. Une basse ronflante et redondante, une rythmique tribale, presque binaire, quelques riffs de guitare aux influences exotiques, un peu de bruit, un ou deux breaks idéalement placés et une indispensable ritournelle entêtante. Un tube. Et puisqu’on est parti loin, autant aller jusqu’au bout avec Petite idée du matin et son chant féminin et enfantin sur fond d’afrobeat noisy (genre Ballaké Sissoko repris par Thurston Moore). Délicat déni se conclut avec le morceau titre, courte conclusion un peu frustrante qui semble bricolée avec des chutes de studio.

Du post rock, le groupe à tout de même conservé l’abord instrumental, les voix sont traitées au même titre que n’importe quel autre instrument, les mélodies sont simples et répétitives, les instruments se rajoutent par couches sucessives, apportant un côté hypnotique plus planant que psychédélique. Mais la véritable prouesse de Chocolat Billy est de construire un album homogène avec une très grande spontanéité tout en associant les influences les plus diverses et improbables. Une musique accessible et rigoureuse, boostée par une production impeccable, le tout dans une ambiance détendue avec une bonne dose de déconne parce qu’on est quand même pas la pour se prendre la tête.

Chocolat Billy, au même titre que Francky Goes To Pointe-à-Pitre et leur Math-Zouk, en profite pour rappeller aux sceptiques de tous horizons que le rock n’est pas mort, qu’il lui reste énormément de pistes à explorer (notamment en terme de métissages), et que sur ce terrain la scène hexagonale ne manque pas d’ambitieux fleurons, dont un certain nombre figure d’ailleurs dans le catalogue des indispensables Nantais de Kythibong.

VENDREDI 08 JUIN [PAIMBOEUF] @ Le Café de La Loire (+Dieu)

SAMEDI 09 JUIN [CAMARET-SUR-MER] @ Festival Les Chattes Borgnes

JEUDI 28 JUIN [NIORT] @ Chemin de la folie, 21 rue Perrière Niort

VENDREDI 29 JUIN [POITIERS] @ Festival Bruisme [Le Confort Moderne]

SAMEDI 30 JUIN [BORDEAUX] @ Amicale Laïque de Bacalan

VENDREDI 27 JUILLET [LORMES] @ Festival de la Cour Denis




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