On ne se refait pas, dès que l’on écoute un nouveau disque, nous cherchons la filiation, la zone de confort dans laquelle l’artiste a certainement posé sa valise (le premier qui me dit carton se prend deux claques de ma part et de celle de Rita). Chez Rita Braga il va être difficile, l’artiste serait un électron tellement libre qu’il échapperait à des radars qui croiseraient leurs données. Rita aurait eu comme lieu de prédilection les caves d’une electro séminale et débarrassée de la vacuité contemporaine, la cuisine d’une Brigitte Fontaine d’avant la Zoo Tv, la salle de sport de Philippe Katerine de l’époque de Jeannie Longo et les endroits décalés fréquentés par la standardiste du bureau du shérif de Twin Peaks et de son policier de mari. Passant de l’allemand au français en passant par le portugais sans que cela face sonner l’alerte moderne des gardiens des frontières, Rita Braga nous propose des chansons vignettes, avançant à son rythme (c’est-à-dire lent) nous contant des histoires dont la banalité supposée cache de toute évidence une forme de perversité pouvant par exemple nous hypnotiser au point de nous vêtir comme elle (l’effet au bureau pourrait être détonnant). Un oiseau sur la Lune, une araignée au plafond, la démarche féline, le déguingondé d’une girafe, Rita Braga est un bestiaire foutraque,qui à l’image de sa garde-robe, fait dans la couleur et le patchwork, cachant mal une sensibilité à fleur de peau drapée sous une folie douce. Vive Rita.