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C’est un parcours chaotique que celui de Magon. Originaire de Tel-Aviv, il s’exilera à Paris après avoir laissé son premier groupe, montant en France Charlotte & Magon qui obtiendra son petit succès grâce à une pop finement ourlée. Mais Magon ne semble pas être le musicien d’une seule vie, ne prenant même pas les bénéfices de l’expérience, préférant se lancer dans le vide, sans contrôler au préalable si son saut est sécurisé, sa réception possible sans casse. Avec son nouveau groupe, il signe « Out in the Dark » un disque outrageusement débridé, envoyant tout voler pour mieux sa propre communion avec l’apesanteur.

Enchainant les titres ne dépassant que rarement les trois minutes, il va à l’essentiel, donnant à son écriture une forme de radicalité atténuée par des mélodies qui ne s’éloignent pas d’une pop, certes parfois rétro, mais filant un méchant coup de vieux à Franck Black et sa tentative de faire fructifier le passé glorieux des Pixies dans un présent comparable à celui d’un boss du CAC40 (Thinking of You / Same House).

Les chansons sont toutes aussi différentes les unes des autres, ayant une souche commune, et une façon bien particulière de se dérouler, comme si elles étaient les chapitres d’un livre, et qu’elles n’avaient pas pour aboutissement de se terminer dans une répétition veine.

Chez Magon après le point, pas la peine d’en rajouter, il faut passer à autre chose. Et à chaque titre, il fait mouche, séduisant par son chant parfois parlé comme rattrapé qu’il est par l’urgence attisée par la fin du morceau, bouleversé et parfois inquiété par son propos. « Out in Dark » est un disque franc, qui ne joue pas la séduction, mais qui a ce petit truc qui nous aguiche, comme cet œil mi-clos sur un visage beau et acéré, comme une fossette qui se déploierait au ralenti sur un visage quittant sa noirceur pour une mélancolie joyeuse. Les fantômes sont présents sur "The Streets » par exemple, comme si The Fall retournait sur scène avec un Mark E Smith pas totalement assagi, mais pas vraiment vitupérant. Mais dans ce creuset au fond duquel le jour commence à percer tellement nombre de musiciens l’auront utilisé, Magon y dépose une sorte de patine qui le rend tout aussi attachant que crédible dans sa possibilité de tenir une place à part dans l’univers musical contemporain, pour peu qu’il tienne en place. Un disque aussi pressé que précieux.




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