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Je devance les nuages, ne vous inquiétez pas, je les devance mais sagement, pausé, avec cette parcimonie qu’offre l’âge et les billions d’écoutes de chaque minime son, en toutes saisons, sans horizons fixes. Je devance les nuages puisque c’est ainsi qu’il faut révéler l’astre aux hommes, c’est de cette manière qu’il faut leur apporter le feu, quitte plus tard a nourrir les corbeaux, a mettre le lourd manteau de plomb, j’avance avec passion, en avant des gris, là où persiste le blanc, où brillent les chansons, où j’aime être, simplement, je vais là où je veux, juste que j’arrive souvent avant mes tourments, avant moi. C’est la manière que j’ai trouvé pour reconnaitre au millimètre l’émotion. Je devance a pas de loup, j’avance en chien de fusil, soudain a l’arrêt d’un frisson, effrayé du coup de chaque chanson, mais quand je m’arrête, c’est parce qu’il y a miracle. Les anges n’existent pas, depuis que mes oreilles raisonnent cette phrase résonne, mais dans l’irréel des écrans, j’en croise souvent pourtant, de certains je palpe même la pulpe, je quitte l’athéisme des pleutres et je crois dés lors en eux-elles, pour les ailes inutile sont les genres, je crois en ce qui émane, je prie ce qui y vit.

Reste à voir l’image, avant que les nuages sombres sombrent sur les regards, et broie de noir les panoramiques, pour compléter le frémissement, au-delà du son, il faut la vision. Ainsi chantent les anges, on le sait, nos églises s’accrochent a nos albums de décalcomanies intimes, ils ont ces voix sans autre sexe que l’émoi, fines comme l’air qui pousse les cumulo-nimbus derrière mes pas, claire tant l’aigu est verre, et d’une puissance réside dans l’ampleur de nos poitrines, de celles qui sonnent les hymnes et les charges de nos cavaleries légères, vous savez bien, le rythme cardiaque de l’amour quand il explose, dans le noir, dans le blanc, dans le méandre qu’usent les deux pour se trouver aux lèvres, aux lèvres de la nuit et du jour, entre chien et loup, là où dévore le miracle tout ce que les yeux cultivent, voici l’image du son, voici l’entière religion, ce qu’il faut croire même les yeux clos et le cœur sec, avec l’âme la plus innocente qu’il soit, et qu’il faut aimer avant que dans mon dos, méchamment, arrivent ces nuages laids d’âges de raison, la forme somnolente de la vie, l’heure du trop compris, trop su, sans faim. Je devance les nuages, l’image est limpide, a ne jamais tromper l’œil d’une brume, d’un brouillard, les gestes prononcent avec un accent céleste les mots, et traversent le chant en y cueillant les nerfs et les paix, fibreux comme blés, contrastés puisque la lumière y semble naitre, et l’obscurité y semble maitre, les gestes sont paroles de poèmes, que ponctuent les yeux vifs entrecroisés en un bref laps de temps, rien ne ment, ni l’émotion, ni le tourment, ni la musique qui s’y défend, de son enfance, de sa naïveté, de sa beauté, voici l’image de la voix, voici le cliché du chant, voici l’autoportrait de la musique.

Realisateur : Renaud de Foville




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