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Il est irréfutable qu’à force de nous abreuver d’une information ou de culture jetable, nous finissons par obstruer notre mémoire, fatiguant celle ci, au point de l’éloigner de l’essentiel, de ce qui fait l’identité même d’une être, son patrimoine culturel. Alors nous avons beau essayer de nous replonger dans celui-ci, il semble nous filer entre les doigts, la vitesse avec laquelle tout arrive soufflant sur lui comme le vent sur un château de sable. Pour que ce socle puisse encore nous porter, nous devons le consolider avec un matériau nouveau. Sans le transposer ce qui entraînerait un décalage incongru et sans intérêt, nous devons faire de ce passé le chef d’orchestre qui mettrait le temps présent à son service.

Cocanha avec « Puput » signe un quasi-manifeste en l’honneur du folklore occitan, avec la même acuité que pouvait avoir les Fabulous Trobadors, adjoignant à une structure datant d’avant les enregistrements à une culture contemporaine, entre spoken word et rap. Mais c’est un drôle d’oiseau que ce Puput (autre nom de la huppe). N’utilisant pas que des onomatopées, le groupe Cocanha en use sans en abuser, faisant naître une trame musicale, plus chaude que chez Camille, prenant dans les sons les plus brulants la couleur à donner à leurs morceaux. À l’image de « Suu Camin de Sent Jacques » les morceaux adoptent une rythmique qui n’est pas sans rappeler celle de la marche, avec ses oscillations possibles suivant les reliefs, nous rappelant de l’influence du corps dans le son produit. Des reliefs le disque en a, car cette matière « ancienne » semble reverdir, ayant même un aplomb presque guerrier (Au Son Deu Vriulon) comme quand le chant était utilisé pour gonfler les poumons afin d’appuyer un courage vacillant. Entêtantes, les plages du disque ont aussi un pouvoir d’enivrement, transformant notre tête en derviche tourneur sur un corps peu habitué à une telle montée sans artifice. Il ne manque pas grand chose pour tout enflammer, mais c’est aussi toute la force de ce disque, ne faisant pas de « Los Aucéls » un forme de Buzzin façon Asian Dub Foundation version occitane, sachant mettre de la mesure dans tout, sans perdre la poésie. Cocanha, groupe polyphonique aux racines fortes et vives.




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