Pour tous ceux qui se languissent d’avoir des nouvelles de GYBE, je vous conseille de basculer dans l’hémisphère Sud, à Perth plus précisément et de faire connaissance au collectif Selfless Orchestra. Onze musiciens, et une même envie d’en découdre avec le son, se servant de celui-ci (tout comme GYBE) pour dénoncer notre action sur le monde, l’action des politiques (inaction en l’occurrence) jusqu’au trépas avec lequel nous semblons prendre un malin plaisir à jouer pour accélérer son arrivée sur terre. Entre le classique du Perth Symphony Orchestra et le metal de Karnivool qui complètent le collectif, la liaison se fait dans une recherche de la transcendance, de la montée vers une félicité quitte à provoquer le cataclysme. Construit comme une pièce classique en plusieurs mouvements, dont certains se répondent, « Great Barrier » est d’une redoutable efficacité, construit comme un "page turner" ou un épisode de série, quand la fin nous installait dans une angoisse pleine de curiosité et d’appétit, à l’époque où nous attendions une semaine pour connaître la suite d’une série. Fondé en 2018, Selfless Orchestra a tous les codes de ce post rock symphonique, et s’il ne s’affranchit pas d’une tutelle évidente, rassemble assez d’énergie pour faire naître en nous de la lumière dans cet empire noir.