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Appartenir : à qui ? à quoi ?

Se sentir, proche…De qui ? De quoi ?

Un territoire, une nation ?

Un être aimé, au présent ou au passé ?

Une certaine fidélité à soi-même, aux autres, à ce qui nous y connecte, nous anime ?

Une aspiration ?

Ce questionnement que le titre du premier album de Zola Mennenöh offre comme clé de lecture possible trouve, dans la période d’instabilité et d’implosion des repères (intimes & collectifs, physiques & temporels) que cette année 2020 représente, un écho pour le moins troublant.

A lire la biographie de Zola Mennenöh, qui partage sa vie entre son pays d’origine l’Allemagne (Berlin, Cologne) et les contrées nordiques (Danemark & Norvège) devenues son second refuge entre ses tournées en tant que musicienne, la première piste semble vite se refermer sur elle même et nous prémunir ainsi de trouver sur ces huit titres ne serait ce qu’une ébauche d’hymne politique nauséabond en 2022 ou en capacité de figurer sur un quelconque reportage de chaîne d’info continue.

La seconde, plus engageante est, elle, nettement plus crédible dès I came here to stay où la sublime voix limpide de Zola Mennenöh, sur un tempo lent et envoutant l’annonce ouvertement I came here for your love, I came here to stay puis le réaffirme une nouvelle fois avec une inflexion plus jazzy sur I will always be yours forever. Orientation que Ancestral, puis Look for the blue hoodie ! xx, M poursuivront également avec une sincérité poignante.

La troisième, probablement la plus intéressante, se matérialise, au sens littéral dans le texte sublime de

I disappeared under the sea, ample et sublime variation introspective voix / piano / violon, entre abîmes intimes et lumineux pouvoir de consolation.

(…)

and I had the sensation that I was going to drown

I dissapeared Under the sea

And I would surface again, come up again, come up again

(…)

down here in the darkness, embrace your sorrow warm your anger

In a place of lost and founds bring back lost memories

down in the darkness embrace your fears with all your kindness

It is where your lost and found and recall all the pieces

down here in the darkness, ear your broken heart and listen

To the songs of the longing soul to be found yet again

In the darkeness of your soul

Elle se concrétise aussi au sens figuratif, dans la manière de Zola Mennenöh de composer ce disque. D’une part, en s’entourant de Nicole Hogstrand (viola da gamba), Johanna Borchert (piano) et Szymon Pimpon Gąsiorek (drumkit / percussion), elle s’ouvre à un apport clé dans les arrangements et les variations et la finesse de jeu qui se déploit au fil des écoutes des morceaux évoqués plus haut.

De l’autre, en laissant libre cours à ses envies expérimentales, elle rebat le cadre de ses compositions dans une approche d’improvisation free jazz sur A piece of peace et fascine encore plus sur Make things simple, douze minutes d’exploration sonore, drone hybride sous l’influence d’un A Silver Mount Zion Memorial Orchestra apaisé.

Difficile de savoir au final où est vraiment l’aspiration de Zola Mennenöh : où se trouve cet idéal vers lequel se porte ses désirs….et c’est peut-être çà la plus belle des nouvelles au terme des quarante minutes qui composent Longing for belonging.

A voir l’intensité et la douce détermination du regard qui nous transperce une fois le voile du très bel artwork démêlé, à entendre les rires collectifs qui traversent Edinburgh en clôture du disque, on se dit que la suite, sera une nouvelle fois collective, ouverte, audacieuse et inspirée. Si seulement 2021 pouvait l’être aussi.

Coup de cœur.

A Découvrir Absolument.




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