> Critiques > Labellisés



Si vous êtes un habitué de ce site, je ne vais pas vous faire l’injure de vous présenter Daniel Paboeuf. Si vous ne connaissez pas Daniel Paboeuf (est ce possible ?) je ne vais pas m’étendre ici sur une carrière longue comme le bras d’un député RPR des Hauts de Seine dans les années 90’s, vous laissant découvrir et piocher avec gourmandise dans des projets et des collaborations qui en disent beaucoup sur l’importance de ce musicien. Car oui, j’ai quand même oublié, Daniel Paboeuf est un saxophoniste, instrument rarement utilisé dans la musique que nous ne considérons pas comme les autres et qui depuis la fin tragique de Morphine a quasiment disparu les productions dont nous aimons parler.

Pour la première fois Daniel Pabeuf ne se cache sous un nom de projet (qu’il réalise a avec l’aide de l’indispensable Thomas Poli), pour la première fois il se présente sous son propre nom. Comme une naissance, un retour à la matrice, il s’offre une cure de jouvence, prenant de la jeunesse, le souffle, même celui de la contestation (L’hélico), offrant un vent tourbillonnant pour chasser les idées préconçues que nous pouvions avoir sur ce disque ; « Ashes ? » n’est pas un caprice sur le tard, c’est celui d’un musicien libre dans son interprétation et outrageusement ouvert dans sa création, faisant passer la jeune génération pour les prisonniers de leurs croyances, même les plus friables.

Regardant en arrière (clin d’œil à son groupe d’adolescence Ad Astra) Daniel Paboeuf fait encore mieux ressurgir la vacuité de l’instant, installant une forme de gravité presque post punk (« War » titre à la tension tenace.) dans ce contemporain qui ne sait plus rien regarder en se retournant, figeant un horizon aussi fuyant que plein de fausses bonnes nouvelles. « Ashes ? » est à la fois un disque sombre dans son atmosphère sans être totalement anxiogène (« M 87 » n’est pas un titre à mettre un soir de pleine Lune sans bougie à portée de main), faisant de la mélancolie le seul pansement possible face à la béance de nos plaies (sublime « It’s Too late »). Daniel Paboeuf y est aérien ( « Acturus » fait passer le périple de la sonde Persévérance pour une randonnée sans charme), prenant une posture de sage sans jamais se faire ordonnateur, plutôt suggérant, aiguillant, donnant aux frissons qu’il nous procure (La pureté de « Lonely Woman », comme une ode sans chapelle à la simplicité) le pouvoir de nous faire bouger.

Oeuvre à la vitalité étonnante, « Ashes ? » (la chanson titre est d’une puissance rare.) Détonne et étonne, questionne et aiguille, entrant dans la discographie de Daniel Paboeuf avec une déconcertante facilité. « Ashes ? » est une claque formidable, une gifle esthétique doublée d’une leçon de vitalité sans équivalent. En son nom.




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.