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On parle beaucoup actuellement des problèmes psychologiques que la population de notre pays peut connaître. Enfermée, celle-ci ne communique plus qu’électroniquement, crachant son venin avec la dextérité d’un sapeur-pompier parkinsonien visant la fenêtre en feu au sixième étage d’un immeuble. Ne sachant plus lire autre chose que les corps gras, elle rejette ce trop-plein avec la même finesse, oubliant une chose qui fait pourtant le bonheur des judokas mentaux, l’ironie, le second degré, et tout ce qui fait que même nos malheurs et nos combats peuvent devenir des axes irrigués par le sourire, mais celui inquiétant à la fossette creusée.

« Memento Mori » le nouvel album de Mustang est pour cela l’exemple même de la transformation du banal et du bancal, voir du franchement infréquentable, en quelque chose à déguster autrement qu’en musique de fond. Car « Memento Mori » c’est une version pop propre de Bruit Noir, mais pas moins vachard. Dés « Loyal et Honnête » le décor et posé, Mustang va jouer avec un cynisme rieur sur les facilités et les perversions de la société (uniquement du spectacle ?) utilisant même des ficelles musicales pour aguicher l’auditeur, le noyant dans des sonorités d’une pop aimée, pour mieux tabasser la vacuité de plus en plus évidente des relations humaines (« Fils de Machin », mort avec tendresse face à la difficulté au final d’exister)

Le décorum est parfait, les claviers vintages (bénédiction sur le tubesque « Perdu mon Temps » ) et le côté chanteur de charme qui utilise le rock n’roll pour gagner le cœur des filles aux minies chaussettes sous la jupe longue. « Pôle Emploi / Gueule de Bois », chanson sociétale à la Michel Delpech avec le vitriol d’un Miossec sortant de chez l’orthophoniste. Une prouesse de commencer une chanson avec « Je vais péter tranquillement sur mon sofa » sans tomber dans le grivois (ni dans le Griveaux). Une chanson sur les petits plaisirs pas simple, sur les désirs honteux, sur les lignes d’horizon obstrués. Face à cela, pas de sauveur et surtout pas ce « Dissident ».

Ce titre devrait plaire à Pascal Praud, aveuglé qu’il est par le complotisme généralisé. Titre grinçant et épatant, Mustang trace le portrait de la vermine contemporaine en lui tressant des louanges pleines d’épines pour le crever. Pas évident que le titre passe un jour sur une radio périphérique à l’heure où le premier degré est la monnaie obligatoire pour obtenir son ticket d’entrée, surtout si on ajoute le coup de scalpel au parisianisme (Pas de Paris). Un bas les masques sur les pinces fesses de la grande comédie humaine.

« Pas cher de la nuit » , est un monument éthylique (« Le Vin » est passé par là ?) et syncopé, titre bruyant comme une grosse migraine quand le bruit de la tête fait plus de bruit que le dehors endormi. Grand titre théâtral et dramatiquement contemporain.

Mustang cultive donc « l’art de mourir » (« Memento Mori » (Clin d’œil personnel, mais que vient faire Chauny ici, ville axonaise qui a vu naître.....mon épouse !!!) ) ou l’art de se suicider en ne jouant pas le jeu du circuit, en le démontant même avec violence verbale et douceur dans l’interprétation, le dynamitant (Artificier).

À l’instar de Murat dans ses interviews, de Pascal Bouaziz avec Mendelson ou Bruit Noir, Mustang dynamite la société contemporaine avec une violence cachée sous de l’ironie et du charme. Mais le masque est subtil et sous le latex de celui-ci le regard est aiguisé et le costume élégant. Ça ne va pas plaire à tout le monde. Mustang nous met KO debout, boxant dans la catégorie reine en faisant des entrechats face à un monde qu’il connait et décrypte à merveille.




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