Je ne sais plus si c’est pour chatouiller notre nostalgie, si c’est pour donner signe de vie, mais un nouvel album de Dinosaur Junior reste une curiosité dans laquelle nous nous tombons. Les albums s’enchaînent sans jamais les inscrire dans l’histoire même du groupe de Jay Mascis, l’apogée (relative) lointaine ayant assommé semble t’il une quelconque envie de la surpasser. On croise alors les albums avec cette sensation que nous avons quand nous croisons un ancien camarade de FAC qui bosse depuis plus de vingt ans dans un service reprographie et qui y trouve son compte, l’assurant d’un temps libre pendant lequel il peut quand même parfois regretté de ne pas avoir fait l’effort de se remettre en question. Jay Mascis et son gang ont installé le processus créatif dans une forme de ronronnement, alignant les chansons sur un schéma identique, qui certes à son charme....si nous croisons cet ancien camarade le temps d’une soirée autour d’une bonne bière. Si Lou Barlow arrive à nous sortir de la torpeur dans laquelle Jay nous laisse (« Garden » est le must « sebadesque » de ce disque), l’ensemble de « Sweep it Into Space » (Commencé avec Kurt Vile et terminé pendant le confinement par Jay Mascis) pourrait tendre vers le pathétique, si nous n’avions pas une vraie tendresse pour ce fossile en mouvement, et reconnaître que derrière ce chant qui donnerait des ulcères à un professeur de chant, se cache un savoir-faire mélodique qui lui ne fait pas son âge. Un disque de plus, une parenthèse pour ne pas oublier d’où nous venons, mais pas vraiment la direction vers laquelle nous souhaiterions nous orienter.