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Et si Future Islands était la Synthèse avec un gros S de la musique des 80’s jusqu’aux années 2020 dans le rayon synthpop ? Quand bien même ce terme est historiquement jugé approximatif –mais faute de mieux– pour parler des «  rejetons  » de la pop privilégiant le son synthé au détriment de la guitare sortis de la nébuleuse rock, il faut rappeler brièvement qu’il fallut au moins un choc planétaire tel que le «  Violator  » des DM pour commencer à se rendre compte que la musique électronique pour les masses ne pourrait plus jamais être comparable à une poussée d’acné dans le paysage musical de la jeunesse d’alors et qu’il fallait bien trouvailler un terme plus atemporel que new wave. Pour situer un peu mieux les choses dans ma perspective de teenager des années 80 version « Retour vers le futur  », Future Islands serait donc un groupe de post-wave américain (originaire de Greenville, Caroline du Nord) qui a pris le parti d’utiliser moins de guitare et plus de basse-clavier-batterie façon les Brits de Metronomy mais en moins chewing gum s’il vous plaît, afin de mettre au centre –je n’ai pas dit en avant– la voix de crooner de Samuel T. Herring. Voilà pour situer les choses grosso modo. Maintenant, pour ce qui est de leur 6e album «  As long as you are  », sorti fin 2020 en plein coma social (d’où l’importance de réactiver les neurones, coucou, c’est l’été 2021 !), commençons par le tubesque et jouissif «  For sure  ».

C’est en fait ce titre joué régulièrement sur une de mes radios indie préférées avec sa vidéo chiadée genre google car en mode Fast & Furious qui m’a donné envie d’en savoir plus sur le dernier opus du groupe depuis l’autre énorme hit «  Seasons (Waiting on you)  » de 2014 qui le propulsa dans les hautes sphères de la reconnaissance internationale. Pour citer un pote franco-londonien au sujet de ce « For sure », « Ah la vache, ça fait vraiment throw back from the 80’s (mais en très bien). » La voix qui rappelle un peu celle de Stuart A. Staples des Tindersticks, juste en plus appuyée au niveau du thorax (que d’ailleurs Herring aime à frapper à la manière d’un jukebox capricieux), fonctionne merveilleusement bien sur les nappes synthétiques détunées et le rythme endiablé culminant dans le refrain « I will never keep you from an open door, I know, you know… ». Sensation de se prendre une bonne grosse vague verte d’air wick dans la tronche en quelque sorte. Tellement sonné par cette déferlante, et quand bien même les mélodies de Gerrit Welmers aux claviers sont toujours très jolies, avec le son de basse de William Cashion mi-The Sound mi-Joy Division, le jeu de batterie de Michael Lowry jouant un mid-tempo dans une précision d’orfèvre pour un Herring qui chante avec éloquence tel un prêcheur de la Bible Belt, il semble hélas difficile d’être bousculé de façon égale sur tout l’album, partagé entre ballades existentielles (« Glada », « I knew you », « City’s Face », « Moonlight », « Thrill ») et envolées électro-pop poético-tragiques (« Born in a war », « Walking », « The Painter »). Malgré une belle note finale avec « Hit the Coast » qui nous replonge dans l’imaginaire océanique cher aux membres du groupe de la ville portuaire de Baltimore, Maryland, où ils sont désormais basés, jusqu’aux Outer Banks de Caroline du Nord pour se ressourcer, on semble un peu rester paradoxalement en rade dans cette belle trame musicale de type mer peu agitée, ambiance annoncée dès le départ pourtant sur « Glada » avec des cris de volatiles paumés et les paroles « who I am/ do I deserve the sea again ? ». Tant pis si on se retrouve alors parfois coincé dans l’œil du cyclone, voire englué dans une rivière de goudron sudiste US comme sur « Thrill » (« old silver/ old Tar River/ keep running… »), on ira se remettre « For sure » pour la forme, avec pourquoi pas « Plastic Beach » dans un style de compo similaire mais en moins paroxysmique, confiant que le nouveau set de ce groupe de scène fort expérimenté saura prendre le large toutes voiles ouvertes dans sa version live (à noter : concerts prévus le 13 mars à L’Olympia, Paris et le 19 mars, 2022 à L’Aéronef, Lille).




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