Comme les terres proches des pôles, « Permafrost » l’album de Fonte s’avère être un danger pour nos désirs de glisser sur la vie comme une goutte d’eau sur un drap de soie.

Fonte dispense un post rock musclé et lourd qui empreinte à Mogwai des descentes mélancoliques qui nous font prendre à chaque reprise un ressac qui nous met à genoux, grattant l’épiderme d’une terre en plein tremblement.

Le trio rennais sait où il va tout en déréglant nos boussoles (Iron Quest) nous emmenant sur des terres perdants de leur solidité au profit d’une structure liquide et venimeuse, fondant sous les coups de boutoir d’un metal en fusion (The Unknown) mais jamais dans une tendance lourde. Car sous cet aspect qui ferait fuir le premier lecteur d’ADA qui attend la chronique du prochain folkman neurasthénique qui chanterait la mort de son cheval, Fonte, qui se présente comme un groupe de Post Metal, creuse un sillon double, celui d’un mur sonore massif, sans être impossible à escalader, et une aspiration à une recherche mélodique.

Alors si le permafrost est une source d’inquiétude, car il pourrait libérer le dernier clou du cercueil dans lequel nous nous glissons depuis des décennies, Fonte en fait un objet créatif, diffusant avec les cinq titres de ce EP, un antidote à la surdité, pouvant nous ouvrir par là même l’ensemble de nos sens, le temps d’un disque à l’écologisme créatif salvateur. Viral