Sous l’alias Précipité, le touche-à-tout François Clos (membre de La Blogothèque, enrobage sonore de la série « Parlement » et bandes originales de fictions radio pour France Culture) publie sur Araki Records un premier album très personnel – écrit, composé et enregistré seul – et néanmoins partageur – une quinzaine de musiciens sont invités à l’orgie sonique que représentent les neuf titres de « Naufrages ».
Après un « Transmission » inaugural d’une durée de 15 minutes, à très haute intensité – entre post-jazz, rock noise et chanson expérimentale 70s, les textes en forme de constats sociologiques et politiques désabusés se fondant dans le mix – les morceaux s’enchaînent avec cohérence. Marimbas, glockenspiel, cordes, clarinette et saxophone enrichissent des climats urbains chargés d’une pesanteur virevoltante, en témoigne la fin de « Flux », émouvante dans sa froideur clinique. Parfois, le chant s’apaise et nous parle, comme sur « Réseaux » et sa rythmique jungle déconstruite, qui passe au krautrock psychédélique avant-gardiste avec un « A pleine vitesse » qui porte bien son nom. Court et punk, « Stop » laisse la place à l’un des sommets de l’album (« Carcéral ») avant que « Blanc » et son si joli épilogue, rêve spatial à la manière d’un Spiritualized, puis « Conduit », ne concluent un « Naufrages » particulièrement abouti.
Le roi Gustave II Adolphe de Suède aurait aimé pouvoir dire la même chose quand, en 1628, le joyau de sa flotte – le Vasa – a, lors de son voyage inaugural, purement et simplement coulé. Qu’il se rapproche de Précipité et il apprendra que certains naufrages sont de belles réussites.