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Au fil du temps, Araki Records est devenu incontournable sur la scène noise bruitiste et, en tant que chroniqueur du soir, après mes journées de bureau aussi lumineuses qu’un pet littéraire roté de Michel Houellebecq, c’est un délice d’arpenter leur catalogue, aussi éclectique soit-il – la gifle subie à l’écoute du dernier Fleur Du Mal m’a collé des acouphènes sensuels dont je peine à me remettre, sans compter l’« Orpheo-Nebula » de Torpedo qui macère encore dans mon cerveau déconfit ou le dernier Cheever –, c’est à se demander comment ces oreilles défricheuses font pour agglomérer tant de talents.

Il en va ainsi des colmariens de Fragiles Figures et de leur « Anemoia » hanté jusqu’au sang de névroses cold punk et post-rock, toutes veines apparentes, prêtes à se faire injecter des rails de guitares répétitives curesques, de claviers lysergiques, de basses métronomiques et de beats martiaux, qui se lancent dans le game après un EP introductif - « Silent Cars » - sorti en décembre 2020.

Il y a du John Murphy dans ces compositions cinématographiques à l’issue desquelles on s’attend à voir des hordes de zombies électroniques débarquer chez vous, à l’heure du thé, tandis que vous essayez péniblement de vous branler en vous rappelant vos heures de gloire. Cris d’animaux et d’humains synthétiques vous entraînent sur la piste d’un 65daysofstatic qui en serait resté à l’amour des apocalypses : sauf que chaque morceau vous entraîne plus loin, de plus en plus loin, et profond dans le loin, et profond dans le noir, rappellant le hardcore (la basse démentielle de « Noar ») et ce qui tombe en vous, en nous, en moi, en toi, mais aussi toi sans moi, et puis il y a les citations lentes et les arpèges voûtés (« Trouble Screen ») et les déglingueries harmoniques de guitares électriques et les morceaux s’étirent et bon sang que c’est jouissif, jusqu’à un « Mute » martial qui ne se taira que bien plus tard – Fragile Figures nous tient en haleine de bout en bout avec un album passionnant, qui revient à gratter sans ongles le mur crasseux qui nous sépare de la réalité.




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