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Après un premier album éponyme paru en 2020 – dont le titre « Yeah » figure sur le volume 54 des compilations ADA –, Romain Benard, émérite batteur de Ropoporose, est de retour avec un « II » enregistré à Bruxelles et dont la pochette décontractée, réalisée par Julien Philips, attire forcément l’attention – tel un Robinson Crusoé flegmatique, cigarette aux doigts, notre homme pose nu, deux chats à ses pieds, dans un décorum que ne renierait pas un Douanier Rousseau rococo.

Chez Primevère, l’onirisme est de mise, le chant de Romain, feutré et mélancolique, se fondant dans une production éclectique que l’on devine nourrie par un goût affirmé pour le clair obscur : si « II » s’ouvre sur un « Sémiophore I » qui évoque un Stereolab champêtre, couches de guitares folk à l’appui, chacun des douze titres de ce nouvel album poursuit une trajectoire qui lui est propre, le narrateur – lucide et apaisé – évoquant échecs sentimentaux (« Beside Me »), matins portuaires embrumés (« La paresse est d’or »), nostalgie de la vie à Tours (« Château Neuf ») et questionne son rapport au temps qui passe (« Sémiophore II » disparaît dans un nuage de flûtes), invitant au passage Francoiz Breut sur un « Je suis à découvert » de circonstance, tant il est question de baisser les masques. Les arrangements, qu’ils soient volontairement basiques (« Je marche » et son synthétiseur Casio) ou ambitieux (la valse « Love Me », habillée de saxophone, d’orgues et de xylophone), font toujours mouche – mention spéciale à « We Were Young » et son final de guitares électriques.

Touche-à-tout talentueux et accessible, Primevère, à l’instar de l’espèce protégée dont il tire son patronyme – qui se marie à merveille avec du miel (pop) –, est un parfait remède contre les petites contusions de l’existence.




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