Il faut d’abord parler du concept. Il y eut un premier album éponyme qui sera le premier d’un triptyque qui sera abouti avec la sortie d’un double album, lui-même éclaté en deux sorties (vous suivez ?). Il y eut d’abord «  Passive » qui sortira le jour de la Saint-Valentin, puis Agressive qui lui arrivera dans les bacs le jour de la fête des morts. Ce triptyque sur le thème du syndrome de Peter Pan et de la difficulté de grandir, nous relate les péripéties d ‘un homme quittant sa femme le temps d’une soirée ( le premier album, puis du départ de sa femme et sa fille et de son chien dans « Agressive »).

Présentée comme cela, cette mise en chanson et en musique de la lente agonie d’un perdant magnifique a de quoi rebuter, et je dois bien vous avouer un pas de recul au moment de me plonger dans les vingt titres de ce double album. C’est sur la lame de rasoir que la jeune femme de la pochette laisse glisser sur ses lèvres, que le groupe semble prendre un malin plaisir à se balader, avec de chaque côté un versant caricature, ou un versant tribute band qui ne veut pas payer les royalties et donc préfère encore écrire ses propres chansons, plutôt que celles de Robert et de sa bande mouvante.

Car Je T’aime n’a pas qu’une passion pour le concept, il déploie un amour peut être irraisonné pour The Cure. Alors que Robert Smith et son gang traversent l’Europe actuellement, et la France en particulier, Je T’aime doit guetter la moindre des effluves sortant du tour-bus ou des salles de concert, pour alimenter son inspiration. Entre un Post-punk qui a toujours du mal à me séduire depuis la matrice originelle, et Cold Wave qui « soubresaute » sous les coups de boutoir d’une humanité en perdition (on. notera le nom des deux labels qui ne mentent pas sur leur volonté), Je T’aime arrive à nous séduire, pas au point de lui retourner son nom, mais au moins en lui tapant sur l’épaule comme un ami à qui nous voulons du bien, et c’est déjà pas si mal.