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Moi je pensais (sans réfléchir) (comme la plupart des gens qui pensent sans réfléchir) que « Ten Hundred Lights – Years From Home » était un clin d’œil à la chanson de The Cure, « One Hundred Years », mais non, suis-je bête, le titre de l’album d’Offworlds fait référence à un recueil de nouvelles – publié en 1973 – de l’américaine Alice Bradley Sheldon, intronisée en 2012 au hall of fame de la science-fiction, aux côtés d’auteurs aussi divers et (a)variés que Jack Vance, Neil Gaiman et J.K. Rowling (sic). A l’instar de l’immense Philip K. Dick, les titres des nouvelles de la Chicagoane, peintre à ses débuts, qui écrivait sous le pseudonyme de James Tiptree Jr. (ami bienveillant, j’ai du popcorn, prépare ta tirade sur le masculinisme : trois, deux, un, zéro, grand gros zéro), sont hautement poétiques, en témoignent « I’ll Be Waiting for You When the Swimming Pool Is Empty » et « The Snows Are Melted, The Snows Are Gone », dont la longue saveur mélancolique reste en bouche. Sa fin fut tragique : en 1987, elle tua d’un coup de feu son mari puis retourna l’arme contre elle, on les retrouvera au lit, morts, main dans la main, dans leur maison de Virginie.

La présence de Vania de Bie-Vernet au mastering et aux graphismes nous rappelle à quel point la famille nantaise Super Apes Label sait se serrer les coudes, nourrissant un catalogue riche de références hautement recommandables, de The Odd Boys à Jorge Bernstein & The Pioupioufuckers, en passant par Bachbullbyrd et Kim (qui fait partie de toutes les familles).

En huit instrumentaux oscillants entre électro-synth-wave et rock hard-kraut-métal symphonique, sans passer par la case Carpenter Brut, jamais bourrin ni tape à l’œil, Offworlds s’échappe du jeu vidéo Another World pour envoyer dans l’espace ses basses groovy et ses soli héroïques – que ne renierait pas le protagoniste d’Artful Escape, le roi du riff en quête d’identité extatique Francis Vendetti –, éparpillant aux confins de la galaxie la carte postale d’une planète terre au bord du gouffre, mélancolique et facétieuse ; sait-on jamais, quelqu’un (ou quelque chose) pourrait la trouver au fond d’une faille et, telle la dextre Nara, narratrice déchue de Chorus, en faire l’emblème de sa révolte acidulée. Autant de maîtrise dans un seul Offworlds, ça pourrait intimider Han Solo, mais on sent à plein gaz distordu le plaisir fou injecté par notre aventureux pèlerin dans cet album au long cours, qui trouverait pleinement sa place dans l’univers bariolé d’Outer Worlds : la gravité inversée, no way, aux manettes, un pilote hors pair.




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