Apparu au milieu des années 90 dans une Allemagne qui venait de se réunifier, le Glitch est arrivé, tel un pendant esthétique au mouvement plus musical qui naîtra au même moment en Angleterre sous l’égide de la Wild Bunch. Popularisé par Stefan Betke (Pole), Pan Sonic, ou Carsten Nicolai (Alva Noto) il n’arriva pas s’affirmer frontalement, mais restera dans son dogme, celui d’utiliser les machines, de garder les accidents. Si Autechre ou Aphex Twin vulgarisent le style, ils ne seront jamais rangés sous cette étiquette. Ce n’est pas le cas de Matthias Denqq, vétéran de la scène des clubs. Punk lorsque la techno sous le souffle du fracas du mur de Berlin a envahi l’Allemagne au début des années 1990, il a fait partie du collectif Upstart. Il a d’abord été associé au célèbre club Ultraschall, puis à son successeur, Harry Klein. Il s’est ensuite installé à Berlin pour créer sa propre musique. Ces enregistrements sont parvenus à Klaus Nurkard, qui dirige le label Normoton depuis vingts ans. C’est cette somme qui nous est donc offerte sous le nom de "We Could Be Dead Soon". C’est une plongée dans un univers frais et machiavélique (Isso), un hybride entre le dub et la techno. Totalement tournée vers le corps, cette musique, et surtout celle de Denqq, s’avère être une passerelle vers un cinéma fantasmé, évitant l’essoufflement que cette musique a pu connaître. Sept plages sonores pour un voyage tout autant dans l’histoire de la musique, que dans un univers intrépide et poétique qui pourra nous faire perdre nos sens (Sleep, Shit, Work, Sleep) à l’instar d’un Cocteau Twins sous psychotrope.