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Cette année, le nouvel album des strasbourgeois de BBCC (acronyme de BangBangCockCock) gagnera haut la main le titre de pochette la plus borderline (à égalité avec celle du Bogueware de Attention Le Tapis Prend Feu), même si l’ont sait que depuis le fabuleux Boces de Mercury Rev s’arrêter au visuel est une erreur de débutant. Après un Altered States of Consciousness chroniqué en ces pages en 2020 (mais quelle conscience n’est pas altérée, si tant soit peu la conscience existe ?), le combo mené par Adrien Moerlen s’offre une autre ruade en terres déglinguées, publiée par le label October Tone (Kevin Diesel, La Houle, Victime).

Dès les premières mesures des dix titres de Dear Ol’Michael, on réalise que Mike Patton et son Mr. Bungle de feu vont s’incruster dans la conversation, et qu’elle sera sacrément décousue, invitant les Talking Heads et LCD Soundsystem (The Prize), PIL (Trial 1 Emotional Intelligence) ou encore Jonathan Richman (Hammer of God), tout autant que Michael Scott, mon idole en matière de management (radio my life).

Sitcom enfonce le clou d’un cercueil à ciel ouvert, empli du meilleur de la pop décalée et néanmoins instruite de ces trente dernières années, le cadavre bel et bien vivant danse sur ses propres cendres, l’euphorie est prégnante, tant pour BBCC que pour l’auditeur avisé et toujours aiguillonné par des arrangements avisés.

Trial 2 (The Gauntlet) part dans tous les sens, electro-free-kraut pop rock, psychédélisme, discours politique et grandiloquence énergique (les guitares électriques et les accents rythmiques), mais ne lasse jamais, au point de mériter une écoute en boucle, ne serait-ce qu’en raison des harmonies finales, arpèges synthétiques montés en sauce jusqu’à la cuisson harpistique finale.

Chaque seconde de Michael est passionnante, parce qu’on ne sait jamais de quoi sera faite la seconde suivante : Trial 3 (Televised Acts of Faith), canon as possible, évoque tout autant Sleaford Mods que The Fall, mélodie en sus, électronique en plus, maintenant une tension pointue et néanmoins accessible.

La ballade Life Coach déchire tout sur son passage, à la manière d’un Jarvis Cocker époque Freaks qui ferait alliance avec le Tim Burton de Mars Attacks et The Veils, bon sang, on s’incline, d’autant plus lorsqu’à mi-morceau une frénésie post-punk psycho-billy s’empare de la fine équipe, et c’est parti pour les montagnes russes, à tel point que l’on tient tout simplement un des meilleurs morceaux de l’année, et c’est français, alors sans cocardise aucune, profitons d’une telle aubaine !!! Strasbourg rules !

Il y a bien un End Theme pour nous faire décompresser, mais il n’est même pas placé à la fin de Michael. Non, la véritable conclusion, c’est Motorad (rien à voir avec la voiture), rythmique cheap martiale et immédiateté mélodique, qui monte et monte et monte et prend aux tripes (ah, les chœurs d’Anne Ahlers), puis aux pieds et enfin au cerveau : les 35 minutes passées en compagnie de BBCC furent si délicieuses que le classement des meilleurs albums va s’en ressentir - un seul mot, merci, c’est exactement pour ça que j’aime chroniquer des disques, la quête du frisson., pas de note ni de clé de sol (on n’est pas chez les bourges de gauche) mais un verdict unanime – je suis amoureux de Michael.




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