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Le moindre que nous puissions dire, c’est que si l’anxiété est un moteur de la productivité, Shamir est un personnage aux ongles ravagés. Car c’est une dizaine d’albums en dix ans qui sont sortis de la tête de ce musicien originaire de Vegas (il habite maintenant à Philadelphie.) aussi hyperactif que tourmenté.

Homo Anxietatem, ce nouvel album, tente de traduire au mieux le sentiment troublé de l’artiste, tout en gardant une spontanéité et une lumière chaleureuse. Mais c’est d’ailleurs toute la difficulté avec cette voix, ce falsetto qui semble par essence interdire la déprime, même si celui qui le possède traverse comme Shamir, une forme de crise l’entrainant dans les méandres d’une introspection de laquelle il est souvent difficile de sortir quelque chose de positif.

L’étonnant est de tremper cette voix dans un bouillon indie pop rock peu habitué à ce genre de collusion. Tout au long de ces onze titres, nous chercherons les liaisons possibles (on pense à Echobelly sur Wandering Through) les fulgurances qui font bouger la tectonique des plaques musicales, comme sur Appetizer, ou comment faire fusionner cet univers si propre et particulier, avec le Sonic Youth popisant de Dirty. Certes, dans la forme de précipitation propre aux stakhanovistes, Shamir ne pense pas à polir à son maximum des diamants possibles et des longueurs peuvent nous perdre comme sur Calloused. Mais il rectifiera le tir aussitôt avec un Crime presque parfait dans sa combinaison le transformant en une Shirley Basset chez John Waters. Paru chez Kill Rock Stars, ce nouvel opus de Shamir, nous prend autant par la tendresse que nous inspire le personnage, que par l’absence de frein à la création quitte à risquer l’incongruité, pardonnée par la spontanéité et la "solarité" que le disque dégage.




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