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Il y quelques valeurs sûres dans la vie.

Des choses qu’on a connues jeune et dont on attend avec impatience les nouvelles moutures.

Des choses qui ne déçoivent que très rarement.

Dans le désordre : les jeux Zelda, les films de Ken Loach, ou encore le gin Sapphire Bombay.

C’ est généralement le cas avec Eels aussi.

Tous les albums de E ne sont pas forcément bouleversants, mais il y a toujours ce petit quelque chose qui caractérise les artistes sincères.

A savoir le fait de n’en faire qu’ à sa tête.

Juste ça. Mais c’est déjà beaucoup.

Car faire fi des modes et développer patiemment son propre univers est remarquable, surtout quand c’est réussi.

Quand ça l’est moins, ce n’est pas très grave, ça reste, au minimum, respectable.

Avec “The Deconstruction”, on retrouve tout ce qu’on aime chez Mark Everett, y compris les jaquettes horribles.

Seul Andrew Bird avait réussi en son temps à faire plus hideux avec le pourtant fabuleux “Andrew Bird and the mysterious production of eggs”.

Certes la marge reste grande comparé au plug anal place Vendôme de Mac Carthy, mais on sent une réelle volonté de n’accorder aucune attention particulière aux visuels . Ce genre de “I don’t give a fuck” qui confine à l’art.

Heureusement, musicalement, c’est tout le contraire.

La voix rauque immédiatement reconnaissable, les choeurs angéliques, les cordes samplées avec un son de gramophone, le basse batterie sec mais pourtant étrangement chaleureux, le mellotron, le moog et j’en passe. Tout y est.

Donc tout ça part plutôt très bien, jusqu’a la moitié de l’album.

Car hélas sur les quinze titres qui composent “The Deconstruction”, seule une petite moitié fait mouche.

En effet, E, malgré un talent indéniable, peine à captiver son auditoire sur ce genre de format long.

Ce n’est pas nouveau. Quarante trois minutes c’est long, même quand on s’ appelle Mark Everett.

La faute à trop de ballades low tempo au clavier.

Ballades qui conviendraient parfaitement en tant que BO du dernier Walt Disney ou Pixar, mais qui peinent à convaincre au sein de ce douzième album.

On se souviendra pourtant du fameux “My beloved monster” (cf premier album “Beautiful freak”), étant devenu la chanson emblématique de Shrek.

Mais cette fois-ci ça ne fonctionne pas, cette surabondance ôtant précisément tout le sel de ce genre de morceau atypique perdu parmi d’autres.

On pourra toujours se consoler en se disant que E a fait preuve de générosité, en fournissant certes un album inégal, mais aussi extrêmement dense.

On pourra aussi se dire qu’il a cherché à travailler ses points faibles, à savoir des ballades intimistes au piano, bien que trop prévisibles.

Resteront “The deconstruction”, “Bone dry”, “Today is the day”, “You are the shining light” et “In our cathedral”.

Si on était particulièrement cyniques on pourrait se dire qu’il a surtout cherché à renouveler quelques synchros avec Dreamworks ou autres, mais ce serait mal nous connaitre….Et encore plus mal “le” connaître …

Bref, on pourra se dire beaucoup de choses, notamment tout le bien que l’on pense de lui.

Au final on écoutera ce nouvel album avec beaucoup de plaisir, en attendant le prochain avec le même engouement qu’il y a vingt ans.

Mieux vaut trop de Eels que pas assez.




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