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N’en parlons plus. La phrase générique préférée de ceux qui éludent, fuient, pardonnent à moitié. On referme le couvercle et on passe à autre chose, sauf que c’est faux, l’amertume ronge, moisit tout, éclate plus tard et ne laisse que des Débris : « Les ruines cauchemars / Des matins dévastés / Si tristes et si noirs / Qu’on voudrait bien crever ». Le ton est donné, The Mikes – soit Mika Pusse, échappé du groupe Pikpus, et Mickaël Mottet, aux commandes de (entre mille autres projets) Angil and the Hiddentracks – vont, avec leur premier album, publié par le label toulousain We Are Unique Records (Michael Wookey, Le Flegmatic, Saffron Eyes), vous péter le moral. Sauf qu’à coups de samples bien sentis et d’arrangements inattendus, une certaine idée du plaisir coupable nourrit les sept compositions de N’en parlons plus, portées par un chant aussi blasé qu’espiègle, qui rappelle les savoureuses excursions d’Arnaud Le Gouëfflec en terres absurdes. Une pincée de Miossec (le phrasé), de Biolay (la suavité désincarnée), de Gainsbourg (le rien à foutre) sur N’en parlons plus et son piano bastringue nimbé de cordes sixties ; des guitares post-Cure à l’urgence stationnaire et un chant languide aux basses incarnées (Mon Prince) ; une rengaine ralentie désarticulée à la lisière de la transe organique (Aucun mot) ; Comptine vide, digression à la fois inquiétante et comique rappelant le meilleur de Sesame Street (souvenir d’une virée nocturne à Amsterdam, chantonnant à tue-tête sur mon vélo le merveilleux C is for the cookie). « L’amour a disparu / Nick Cave a les cheveux teints » : en mood Tom Waits, la ternaire ballade bancale L’étoile du chagrin s’avère sans concessions et clôt un album dont la devise pourrait être « du fun dans la noirceur, ou l’inverse, je ne sais plus ».




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