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Enregistré par John Parish en 2020, Hammer it ! dernier album en date du trio King Biscuit a eu son destin chamboulé par l’arrivée du virus qui chamboulera la face du monde, et donc celui de la musique. Impossible de le défendre sur scène, il sera l’objet maudit, et le point de départ d’une nouvelle aventure afin de conjurer le mauvais sort. 

Ce n’est pas au Benin que King Biscuit ira chercher une aide spirituelle dans les mains d’un vaudou, mais au Burkina Faso, chez Oua Anou Diarra. Fils d’une famille de griots, il s’accompagne de ses ancêtres pour faire vibrer son ngoni (guitare traditionnelle malienne), souffler ses flûtes ou rebondir son tama. Mais si le poids de la tradition est là, Oua Anou Diarra la fait voltiger autour de lui, utilisant des pédales d’effet et de l’amplification, ce qui lui donnera ce nom de Voltage Diarra. Oua Anou Diarra est arrivé comme un membre à part entière, tel Charles de Batz de Castelmore rejoignant les trois autres mousquetaires que sont Johan Guidou (batterie 2.0) Annie Langlois (claviers) et Sylvain Choinier (guitare). Avec lui, King Biscuit est retourné dans son passé, sans la crainte de croiser les mauvais génies de cette crise épidémiologique, piochant neuf titres dans leur répertoire, afin d’y injecter un souffle nouveau venu d’Afrique. Le résultat est bluffant, l’alliance des deux univers s’imposant d’elle-même. Ces compositions, influencées entre autres par la musique Gnawa, nous électrisent et nous font voyager, sans perdre le fil du temps présent. Il y a une énergie jouissive, les sourires s’affichant au gré des notes et des mots, comme se gravant sur une partition imaginaire qui relierait une Europe souterraine à un New York d’après le punk (Lay Down), lui-même connecté au Maghreb et à l’Afrique de l’Ouest. D’un charme et d’une modernité hallucinante (The Rooftop ne s’écoute pas, il se vit dans une douce transe.) tout en touchant à quelque chose de plus tribale (Lonesome Shark), KBVD colmate les brèches creusées par les indifférences, scellant une alliance de mondes qui ici parlent une seule langue, chassant les virus encore plus dangereux que les zoonoses (Nothing but a rope a chanter le cœur grand ouvert dans une rue dépossédée de son fluide vital.). À coup sûr le disque de ce début d’année, ou comment conjurer les mauvais esprits. Magique.




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