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Quatre années se sont écoulées depuis la publication de Chants de l’Érèbe, symboliste premier album du graulhétois Alexandre Alquier et de ses Oineiroi – en grec ancien, les Songes, c’est à dire des divinités nocturnes, telles que Morphée et Phantasos, visitant le sommeil des mortels aux fins de les guider, ou de les perdre. Après l’Érèbe, l’Hybris, l’orgueil qui pousse au crime. Érèbe, enfant du chaos primordial, dieu des ténèbres, donnera son nom à la région des Enfers mais sera, pour avoir soutenu les Titans, métamorphosé en fleuve, le Styx, que son fils Charon inlassablement traversera, transportant d’une rive à l’autre les défunts rongés par l’hybris. C’est ainsi que s’ouvre le nouvel opus de AA & les Oneiroi, sur un prélude en cinq mouvements évoquant tout autant, de par son romantisme échevelé, William Blake, John Milton et Chateaubriand (éminent traducteur de Paradise Lost), qu’un opéra rock à la théâtralité assumée (le copieux livret fait partie de l’expérience), riche d’arrangements solides – piano virevoltant, guitares lumineuses, cordes rutilantes – et porté par un chant qui ne s’interdit rien, à la fois puissant et nuancé, en témoigne la longue note tenue à la fin de The Bear, qui résonne encore dans nos oreilles tandis que le magnifique instrumental Heavenly Flight déroule sous nos pas un tapis d’ombres et de lumières. Il faut dire que les OineiroiFlorian Claude, Eric Becker, Benoît Courribet et Eric Sarrade – sont des musiciens solides, qui permettent aux compositions d’Alexandre d’atteindre des sommets de maîtrise. Plus loin, l’épuré Light, accords de piano plaqués et mélodie éthérée, noyée de réverbération, rappelle certaines ballades de Radiohead, permettant au dantesque The Waltz of the Erinyes, sept minutes de rock progressif mâtiné de hard et de free jazz, de mieux nous surprendre, avant que le prélude inaugural ne se termine sur The Dawn, émouvante ballade au final mortuaire. On approche du Styx, qu’y a t’il au-delà ? Le poignant Beyond The River puis le murmuré You Know nous préparent au voyage vers l’Enfer, The Styx et ses six mouvements, entre post-rock (Where the gaze doesn’t reach), ballade blues cabossée (The Ivy) et grondements heavy noise (Hecate’s Choice). Traversée agitée, récompensée par le folk Childish Soul, apaisant et néanmoins hanté. Le Souffle de l’Hybris est une œuvre particulièrement ambitieuse, insolite et passionnante : à l’image d’AA & les Oneiroi, unique en son genre.




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