Je l’ai déjà écrit ici (et ailleurs), mais je le rappelle à l’attention des retardataires, des flemmards et des distraits, Araki Records dispose de l’un des meilleurs catalogues de musique underground qui soit : chacun des disques qu’ils sortent (de manière collaborative ou non) méritent une attention toute particulière, à l’instar d’autres labels géniaux, tels que (liste non exhaustive) Another Record, WeWant2Wecord, Entre-Soi, Sanit Mils Records, Super Apes, Transcendance et les Disques Bongo Joe. Franchement, vous pouvez y aller les yeux fermés, les oreilles grandes ouvertes, découvertes garanties. Et donc, avec Don Aman, combo dijonnais que nous avions, à l’occasion de la sortie de Monsterlock, chroniqué en 2020 et qui nous revient avec Open, leur quatrième album, nous voilà plongés – sous l’égide de Francis Llaneza (chant, guitare, basse), Geoffroy Pacot (basse, autoharpe) et Arthur Llaneza (batterie) – dans un bain de jouvence post-rock, grunge, math rock, shoegaze, bruitiste et folk, s’ouvrant sur l’énervé et néanmoins crépusculaire instrumental Krampus, à la lisière du krautrock et du jazz (les syncopes de guitare à contre-temps, les harmonies, hyper fin). Plus loin, le chant souple, parfois doublé, se pose sur des arrangements inventifs et aventureux, bluesy (l’épuré All, nimbé de réverbération), post-punk (l’émouvant Open) et surtout à haute valeur ajoutée émotionnelle (l’ambitieuse poupée russe prog Open). En neuf titres à la production précise et néanmoins ample, Don Aman sait varier les climats, invitant Yann Dumez (timbales) sur la ballade André, qui rappelle Midlake (harmonies de voix, spleen de maboule), et Robin Mory (trombone, synthétiseurs) sur le conclusif Dusk, évoquant la folk prog anglaise des 70s, digressions brumeuses à l’appui. Mention spéciale au lysergique Fishtank (j’en profite pour dire que Fish Tank est mon film préféré d’Andrea Arnold) (signé Radio My Life), lyrique (quelle batterie !) et néanmoins épuré (la grille d’accords), on se croirait au milieu de nulle-part sur un bateau qui tangue, faute de capitaine à la barre ou de rêves à matérialiser : magnifique, d’une munificence touchante qui se prolonge jusque dans l’enfiévré Stolen. Bravo.