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À qui sont ces six mains qui sortent de ce trou de serrure ? A priori pas celles de la représentation de Shiva. Pas non plus celles des membres du groupe, composé de trois jeunes dijonnais que nous imaginons difficilement avec des mains manucurées. Le doute continuera de subsister à l’écoute des six titres de « Monsterlock », album de Don Aman. D’obédience plutôt folk, le trio sans s’affranchir de ce style, le confronte à des traditions moins séculaires (je parle pour la musique dite enregistrée.) faisant de ces unions quelque chose de différent, pouvant nous faire perdre la tête, mais jamais le fil. L’entrée en matière (Nothing) en dit long. Il y a une forme d’art de ne pas faire décoller ce qui pourrait s’envoler et devenir incontrôlable. Cela commence par un math rock plombé et progressivement se transforme en une forme de folk lourde et pesante. « Monsterlock », qui suivra, gardera cette chape de plomb sur les épaules. Un Morceau ralenti presque à l’extrême, une longue complainte à la tonalité changeante, s’étirant face à un mur sonore qui se déchirera progressivement. Morceau de bravoure qui donne son nom à l’album, « Monsterlock » est une forme de « Paranoid Android  » folko-bruitiste. L’éclaircie nous arrive via l’intro de « Glory » qui devient une sorte de marche militaire, un rouleau compresseur, comme si le titre portait en lui une forme de hargne qui se déchaînerait au fur et à mesure pour finir dans un dérapage contrôlé et tranchant. La Face B, elle, s’éloigne de l’atmosphère des trois premiers morceaux. « Mark-Mark » , sous irradiation laissera rapidement percer une pop-folk, avec un grain au charme fou (le tube assuré en live). « Coral » a une fausse rondeur derrière laquelle nous sentons poindre une rage possible, une inquiétude probable, une puissance à maîtriser pour éviter le chaos latent. Celui-ci arrivera indirectement avec « Schwindler », morceau hybride enregistré dans un studio ou un cabaret fantôme, un titre parfait pour une bande son d’un film qui commencerait sous la brume, s’éclaircirait à en devenir presque dansant, pour finir dans le vacarme d’une cymbale ou d’une assiette qui peinerait à trouver le repos et qui en cherchant l’équilibre créera un déséquilibre sonore. À moins que tout cela ne soit qu’une imposture sonore ? Je termine alors l’écoute de ce disque, mettant le dernier point à cette chronique, me trouvant sans m’en apercevoir derrière le trou de cette serrure, les six mains m’ont happé à l’intérieur.




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