Une fourche noire sur fond rouge. La pochette du nouveau QOTSA plante le décor. Ils nous promettent l’Enfer avec ce troisième épisode de leur parfaite et indispensable discographie. Ce disque serait ainsi une invitation a visiter le monde sous terrain ? C’est en réalité encore pire. Le périple qui vous attends vous conduit dans un lieu sombre où tout est permis, où les pulsions les plus sales et viscérales trouvent un écho musical électrique et infini. Josh Homme, pour cette visite, se dresse en Grand Satan. Grand manitou, régnant sans partage sur le stoner, il fait ce que bon lui semble avec votre esprit. Il joue avec, le torture, le manipule, le tourne dans tout les sens. Vous êtes à sa merci, il contrôle votre rythme cardiaque a sa guise, avec ses riffs aiguisés comme des couteaux ou ses passages acoustiques pétrifiants. Car Satan, tout puissant, est un mauvais génie de la guitare, capable de tout les tours de malice. Pourtant, il ne vous effraie pas. Il ne vous effraie pas parce qu’il vous envoûte et vous guide de ses prouesses vocales. Car malgré ses démonstrations soniques endiablées, Satan chante comme un ange. Si ses riffs remontent du fin fond des ténèbres, sa voix, elle, descend du ciel. Le maître des lieux vous invite petit à petit a découvrir son royaume, à rencontrer sa troupe de démons hystériques : Nick Oliveri, fidèle lieutenant de Sa Majesté, bassiste ronronnant comme un tigre, solide comme un rock, Dave Grohl, batteur insensé et indispensable qui tape jusqu’à épuisement, et qui tape, et tape encore, apportant une touche encore plus épique à l’ensemble, ou encore Mark Lanegan, ange déchu, qui apparaît quelques fois pour abandonner sa voix d’outre tombe. La visite est explosive.. Aux singles incandescents et imparables (" No one knows ") se mêlent des brûlots miraculeux (" Go with the flow "), des perles acides sidérantes de perfection (" Gonna leave you "), des noyades dans les abîmes du Styx, dans une atmosphère léthargique (" God is on a radio ") ou affolante (" Song for the Deaf "). La visite guidée se termine sur une oraison funèbre avec " Mosquito Song ", monument bohème, qui inscrit l’épitaphe sur ce tombeau, celui qui permet le passage vers l’Enfer. Vous y reviendrez, assurément.