2008 pourrait bien être synonyme de reconnaissance pour une série d’artistes poisseux dénués de charisme et de fait souvent mis de côté, malgré un talent certifié. Après Jeff Martin (Idaho) en début d’année et au même moment que David Freel (Swell), Mark Kozelek sort de son mutisme pour accoucher d’April, un sommet d’écriture folk qui ne trouve d’équivalent que dans les discographies de Bill Calahan ou Bonnie Prince Billy. A la limite du confidentiel, la carrière du natif du Midwest ne se prête pas à de longs développements. Dégager un album à conseiller en priorité relève du casse-tête tant l’excellence des complaintes signées Mark Kozelek sont d’une constance écœurante. Sur le fond, April reprend les choses là où Ghosts Of The Great Highway les avaient laissées. Bien que la tension soit retombée d’un cran, on signalera peu de bouleversements dans le contenu si ce n’est la présence de Will Oldham sur Like The River. Fidèle à sa recette approuvée depuis longtemps, Mark Kozelek s’évertue à bercer l’auditeur avec des ballades dépressives qui s’étirent jusqu’à s’éteindre dans la béatitude (The Light, Unlit Hallway, Tonight In Bilbao). Mention spéciale à Heron Blue, instant de méditation aussi intense que le fut Mistress quand Kozelek débutait avec les Red House Painters. Rarissime.