C’est dans l’Oregon que nous vous emmenons, dans un Portland qui n’aurait pas été épargné par des pluies diluviennes, des pluies qui auraient charriés des détritus, mais qui auraient aussi donné naissance à des fleurs poussant dans des conditions extrêmes. Sortie sur le Label Kill Rock Stars, cet album de The Thermals est un disque charriant lui aussi ses souvenirs dans son flot, allant des Breeders à Weezer en passant par les Fountains of Wayne ou Sebadoh. Ce « Now We Can See » est comme une transposition de la génération des 90’s dans une série sur le concept d’ « Happy Days », même si les jours heureux ne sont pas forcément dans les cordes du groupe. Très marqué par le 09/11, le trio se sert de la puissance de l’explosion et de cette image pour vouloir avancer. Propulser par cette violence, The Thermals s’amuse à jouer avec les reliefs. Dans son époque musicale, « I Let It Go » serait comme une chanson d’Arcade Fire à l’os, The Thermals regarde pas mal dans sa discothèque. « At The Bottom Of The Sea » par exemple, est une chanson à la beauté aride, un champ de ruine que l’on survolerait avec de quoi sauver juste ce qui est végétale et minérale. La rencontre inopportune entre Yo La Tengo et Low. Un autre rencontre semble s’opérer sur « When We Were Alive », rencontre au sommet entre The Fall et le Sonic Youth de dirty, pour une séance de speed jubilatoire et non dénuée d’humour. Comme si avancer ne voulait pas dire nier le passé, la nostalgie opère comme avec « Liquid In Liquid Out », chanson qui navigue entre deux bouteilles, comme si la pub Knaki remplaçait les bâtons du môme par des canettes de bières encore tiède. Plus tendu sur sa fin, « Now We Can See » voit le tensiomètre monter d’un cran sur « How We Fade » avant d’exploser pour se relâcher sur un dernier « You Dissolve » pas sans nous rappeler un certain « Louie Louie ». Le rock américain semble se réveiller, explosant les codes anglo saxons pour en refaire une musique plus directe, moins timide, quitte à laisser passer des impuretés. Maintenant c’est à vous de voir.