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Elle est là, entichée de ces deux princes-bouffons, lolita aux cheveux soleil, ce n’est pas elle qui est troublante sur cette photo de presse blanc et noir au style légèrement 50’s, c’est sa présence, alors on écoute, secoué par cette blonde déplacée de son monde, on écoute, et on découvre qu’on est déplacé, qu’on nous a menti, cette femme-fille est une mascarade, un bluff, son mensonge, respire dans sa voix, cette diablesse est énorme, et ses deux consorts ont compris le mensonge et l’usage de la susdite.

De leur air joyeux d’enfants joueurs ils dessinent en trio une fête triste (merci T.21 pour cette lumineuse idée d’association de vocabulaire). C’est Goliath dans le corps de David, le Démon a voix d’ange, l’infâme et le brillant. Fête triste, dans l’ambiance d’une génération perdue et qui n’a ni l’espoir de se retrouver, et savoure les maux dans un spleen puissant, aussi puissant que ces cordes vocales qui s’enroulent autour de nos gouts, illuminées, saintes et hérétiques. Vous n’imaginerez pas jusqu’à l’écoute, l’emprise qu’aura cette voix sur vous, subliminale, opéra rock, nerf, glaçon et flamme, vos oreilles vous domineront.

Lolita et troupe, se feront irrésistibles, morceau a morceau. Tout se trouble au premier grain de voix qui s’unie a la poussière, le temps s’arrête (je suis incapable de savoir combien de temps dure chaque chanson, je nage). Hannah, nom de déesse et harpie, Dot Major et Dan Rothman se sont rencontré dans une chambre froide en allumant un bûcher, « Wasting my young years » est une illusion optique faite d’or et de poussière, un trompe-l’ouïe, un nerf tendu a bloc qui semble sourire, où la voix semble pleurer a torrent sur une plage mélodique sereine et tranquille. « Métal and dust » est encore plus inorganique, un chaos calculé au millimètre des sensations, froid, somptueux, un iceberg dans un écrin de velours rouge, ces musiciens savent comment et pourquoi il est nécessaire de suivre les courses de cette gorge.

Pour « Hey now », on rentre de plein pied dans ce beau mensonge, on atteint l’intimité de cette demoiselle, on viole son intérieur, parce qu’ainsi elle le consent, puisque sa voix prends avec un art et une facilité troublante, l’ampleur de chaque mots ressentis. Comment ces enfants ont-ils appris à être tant adultes dans leurs émotions et l’expression des chairs de poules. Ces ambiances légèrement lugubres, féeriques, voire mystiques, ont toujours un pouvoir spécial sur nos états d’esprits, mais ici, ils sont dirigés, commandés, plages électriques, rythmes profonds, sourds, éclats de verre électroniques et guitares extraterrestres, tout est là, au moment voulu, avec l’effet désiré, froidement, seule la voix brulante nous trompe, l’univers entier semble faux. Pris au jeu, j’accepte qu’on me mente d’une si belle manière, je rejoins cette fête triste et pose mes yeux sur cette divine et démoniaque poussière, je viens de rencontrer la beauté d’une voix, et sa cruauté.




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